Actusf : Rouge Venom, votre nouveau roman, va bientôt sortir aux éditions Actusf, Il s’agit de la suite de Rouge Toxic. Comment est-né ce diptyque ?
"Et puis je caressais aussi l'envie d'écrire quelque chose de décalé, et d'un chouilla drôle, qui prend à rebours les codes de la bit-lit, tout en gardant un côté romantique, intense et tragique, à la Buffy."
Morgane Caussarieu : Eh bien, j'ai toujours voulu écrire une histoire de vampire au lycée, à la sauce nineties, à destination des grands adolescents ou des nostalgiques, et si j'avais un peu effleuré le sujet avec Dans les veines, je n'étais pas complétement rentrée dedans. Et puis je caressais aussi l'envie d'écrire quelque chose de décalé, et d'un chouilla drôle, qui prend à rebours les codes de la bit-lit, tout en gardant un côté romantique, intense et tragique, à la Buffy (dont je suis immensément fan.) Écrire de l'horreur splatterpunk qui retourne les entrailles, c'est éprouvant, j'avais besoin de vacances plus légères.
Ensuite, je me suis baladé aux États-Unis, à San Francisco et à La Nouvelle-Orléans, et c'est là que j'ai décidé de situer mon action, étant tombée amoureuse de ces villes. Ça a été le déclic pour prendre mon clavier.
Actusf : Pouvez-vous nous dire quelques mots sur l’intrigue de Rouge Venom ? On est toujours au lycée ?
Morgane Caussarieu : Dans le deuxième tome, exit le microcosme lycéen. L’héroïne, Barbie, n'est plus une enfant, elle va devoir prendre confiance en elle et en ses nouveaux pouvoirs de « Cannibale », et accepter sa part de monstruosité et sa mission, dévorer les vampires, alors qu'elle en aime un : Faruk. Il va lui falloir faire un choix difficile pour s'accomplir. Jay, un autre Cannibal, lui montrera la voie. Quant à Faruk, il cherche à devenir meilleur pour Barbie, et se retrouve membre des Buveurs de sang anonymes. Il tente tant bien que mal de vaincre sa soif et de se tenir à carreau grâce à un sérum expérimental. Il est comme un junkie sous méthadone. A travers cette métaphore, je parle un peu de ma propre expérience avec les drogues, que j'ai mises récemment derrière moi, et c'était pas facile. Va-t-il tenir jusqu'à la fin du livre sans se mettre une bonne jugulaire sous la dent ? Rien n'est moins sûr, surtout quand son créateur, l'infâme Gabriel, s'en mêle pour le faire replonger du côté obscur de la Force. Les deux personnages principaux sont donc en lutte constante contre qui ils sont, pour pouvoir s'aimer, et vont partir à la recherche du vampire originel, qu'ils pensent être porteur de la solution à leurs problèmes respectifs.
Actusf : Comment avez-vous créés votre duo improbable, Faruk et Barbie ? Ont-ils toujours suivi le chemin que vous leurs destiniez ou n’en ont-ils fait qu’à leur tête ?
"Dans Rouge Toxic, leur parcours était écrit à l'avance, et ils n'ont pas trop déviés du scénario original, par contre dans Rouge Venom, ils sont partis en roue libre, surtout Barbie [...]"
Morgane Caussarieu : Hum... je les ai créés à partir des stéréotypes de la bit-lit, le beau/gentil vampire ténébreux et la jeune cruche dont il est amoureux parce qu'elle est « spéciale ». J'ai pris ces caractéristiques, tout en les détournant pour en faire quelque chose que j'espère plus original. Faruk est beau-gosse, clair, mais il n'est pas spécialement gentil, surtout au début de l'histoire, il pue de la gueule, et il vient d'Afghanistan, pas forcément ce à quoi on s'attend de sa part. Barbie, quant à elle, s'appelle comme ça pour parodier des noms en B idiots comme Bella ou Buffy. Elle n'est pas vraiment cruche, elle aurait plutôt un sale caractère, et pour le coup, elle a vraiment un pouvoir très très spécial, qui justifie la romance autodestructrice.
Dans Rouge Toxic, leur parcours était écrit à l'avance, et ils n'ont pas trop déviés du scénario original, par contre dans Rouge Venom, ils sont partis en roue libre, surtout Barbie, qui gagne en maturité et indépendance, et devient de plus en plus inhumaine au fil des pages. La fin, plutôt tragique (mais chut, je ne vous en dit pas plus) n'était pas du tout prévue ainsi à la base.
Actusf : Quelles ont été vos sources d’inspirations pour ces romans ?
"Mais j'essaie petit à petit, au fil des romans, de m'éloigner de mes références et de créer ma propre mythologie, mêlant le vaudou entre autre, et des éléments presque de hard science."
Morgane Caussarieu : Buffy, bien évidemment pour l'ambiance et l'humour, ainsi que des films de lycée comme Lolita malgré moi, The Faculty, Ginger Snaps, The Breakfeast club... ou des séries comme Angela, 15 ans, mais aussi Vampire Diaries et Twillight, pour le pitch de départ de Rouge Toxic. Quand à la sensualité, très présente, les mélodrames familiaux vampiresques et incestueux, et le cadre (San Francisco/Nouvelle-Orléans), ça lorgnerait plus du côté Anne Rice et True Blood. Mais j'essaie petit à petit, au fil des romans, de m'éloigner de mes références et de créer ma propre mythologie, mêlant le vaudou entre autre, et des éléments presque de hard science. Dans Rouge Venom, on va s'aventurer au Pérou, pour enfin découvrir l'origine des vampires, que je n'avais fait que survoler jusque là. Je suis allée faire des recherches sur place, en Amérique Latine, afin de faire exister ce premier buveur de sang, un ancien Dieu pré-Inca.
Actusf : Il y avait des liens entre vos personnages de Dans les veines et Je suis ton Ombre. Y en a t-il entre ces deux livres et Rouge Toxic ? Où est-ce que ce sont deux univers séparés ?
Morgane Caussarieu : Rouge Venom est officiellement la suite de Rouge Toxic. Mais c'est aussi très clairement la suite de Dans les veines et Je suis ton ombre. D'ailleurs on retrouve à l'intérieur en clin d’œil le slogan de Dans les veines « Les gentils vampires n'existent pas » qui est un peu le fil conducteur de tous mes romans, ainsi que mes personnages chouchous, J.F., le vampire punk camé, et Gabriel, l'enfant vampire sociopathe, qu'on avait laissé à la fin de Je suis ton ombre réincarné dans un corps humain. J.F et Gabriel auront droit à la parole autant que Barbie et Faruk, et vont tout faire pour mettre des bâtons dans les roues de leur idylle, déjà bien malmenée. Je me suis régalé à les retrouver, et à les mettre en scène dans des situations cocasses, puisque Gabriel, qui a toujours été le chef de famille, se retrouve mortel et sans pouvoir, à la merci de J.F. et de Faruk, qu'il a persécuté par le passé.
Actusf : Comment travaillez-vous ? Établissez-vous un plan précis ou laissez-vous votre plume vous guider ?
Morgane Caussarieu : Non, maintenant avec l'expérience, j'essaie toujours d'écrire seulement après avoir confectionné un synopsis précis pour éviter les angoisses de la page blanche. Mais il arrive souvent que la fin change, comme pour Rouge Venom, ou que des nouvelles péripéties s'intercalent.
Actusf : Pourquoi choisir d’écrire de l’imaginaire ? Est-ce plus simple pour parler de certains sujets ?
"Et puis lorsqu'on écrit de l'YA, tout est permis, c'est ça que j'aime."
Morgane Caussarieu : J'ai écris deux romans de blanche. Ben je peux vous dire que c'est bien moins rigolo à faire. Ça ne développe pas l'imagination. Ça fait moins rêver. Et puis lorsqu'on écrit de l'YA, tout est permis, c'est ça que j'aime. Il faut juste respecter le rythme.
Actusf : Sur quoi travaillez-vous actuellement ? Y-aura-t-il de nouvelles aventures pour Faruk et Barbie ?
Morgane Caussarieu : Héhé peut-être, on verra bien le succès de Rouge Venom. Mais encore une fois, j'ai laissé la fin ouverte, on ne sait jamais... En ce moment, je travaille sur un livre d'horreur à destination des enfants, pour la collection Chaton hanté des Éditions du chat noir. Juste parce que ça me fait tripper, et que cette collection est superbe, et parce que j'étais fan de Chair de poule, petite.
Actusf : Où peut-on vous rencontrer dans les mois à venir ?
Morgane Caussarieu : Aux Imaginales en mai, je dirais.
