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Septembre 1914, la Marne

Xavier Dorison (Scénariste), Enrique Breccia (Dessinateur)
Cycle/Série : 
Langue d'origine : Français
Aux éditions : 
Date de parution : 30/04/2009  -  bd
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Septembre 1914, la Marne

Xavier Dorison et Enrique Breccia sont deux personnalités du monde de la bande dessinée. Le premier s'est illustré ses dernières années en tant que scénariste de séries à succès comme Sanctuaire ou W.E.ST. Il s'est introduit dernièrement dans le monde du jeu vidéo en créant la société Script Company, spécialisée dans l'écriture de scénarios. Breccia est Argentin et célèbre dans son pays. Les Sentinelles est une de ses premières expériences BD en France.

Les premiers faits d'armes du héros Taillefer

Gabriel Féraud est maintenant une Sentinelle mais il doit encore s'adapter à ses prothèses mécaniques et accepter son nouveau corps, ainsi que le rôle que le Colonel Mirreau veut lui faire jouer : celui de héros.
Or, héros, Féraud alias Taillefer aura l'occasion de le devenir au cours de la mission qu'on lui confie. Accompagnés d'un section de poilus, lui et Djibouti vont devoir retrouver un avion de reconnaissance abattu par les Allemands quelque part vers Château-Thierry. L'appareil a pris des photographies d'une importance capitale : elles seraient la preuve formelle qu'il est possible de lancer une contre-attaque et de repousser l'armée allemande qui est aux portes de Paris.

Une série qui prend de l'épaisseur, à tous points de vue

Avec La Marne, Dorison et Breccia poursuivent leur récit personnel de la Première Guerre Mondiale. Les Moissons d'acier, premier tome de la série Les Sentinelles, était la genèse d'un super-soldat, Gabriel Féraud alias Taillefer. Le deuxième volet de la saga est la suite directe du précédent et se déroule en septembre 1914. Les Allemands écrasent l'armée française qui perd du terrain au point que les armées des généraux Von Kluck et Von Bülow ne sont plus qu'à une quarantaine de kilomètres de Paris. Gallieni, gouverneur militaire de la capitale, apprend grâce à la reconnaissance effectuée, en avion, par le capitaine de Clermont – personnage fictif, on entre dans le « romancé » –  que le Général Von Moltke expose son flanc droit à une contre-attaque qui pourrait faire plier les forces allemandes tout entières. Mais le Général Joffre a besoin d'être convaincu pour lancer l'offensive. Il lui faut des preuves : les photographies prises par de Clermont. Malheureusement, ce dernier a été abattu au dessus de Château-Thierry. Mais qui envoyer dans ce secteur grouillant de boches ? Les Sentinelles, évidemment...

On l'aura compris grâce au titre de l'album, cette seconde aventure des Sentinelles s'achève sur le fameux épisode des taxis de la Marne. Dorison place donc Les Sentinelles au cœur d'un récit fidèle de la Première Guerre Mondiale. Du moins dans les grandes lignes, puisque les super-soldats de Mirreau et Kropp n'ont jamais existé. Pourtant, c'est avec brio que Dorison et Breccia dépeignent les premières semaines de ce conflit majeur et notamment les événements ayant mené à la première bataille clef de cette guerre. L'introduction de leurs personnages permet d'offrir au lecteur une aventure haletante, passionnante.

Les personnages des Sentinelles ne sont encore qu'au début de leurs aventures. À l'issue de la lecture des Moissons d'acier, on ne les connaissait encore que peu. Dans La Marne, Féraud et Djibouti évoluent aux yeux du lecteur.
Gabriel Féraud est un personnage en cours de transformation, qui sera très probablement amené à encore évoluer au cours des prochains épisodes de la série puisqu'il doit s'adapter aux changements qu'a subis son corps. Il doit accepter ses prothèses de métal, sa force surhumaine, ses capacités hors du commun. Mais ce n'est pas tout. De scientifique, la Mobilisation Générale a fait de lui un soldat. Le Docteur Kropp et le Colonel Mirreau en ont ensuite fait Taillefer, un héros. Il n'est pas chose facile que d'assumer ce rôle et La Marne le montre très bien, dévoilant les tourments du personnage principal. Il peut certes sauver des vies, mais pas toutes ; il peut certes faire gagner des batailles, mais difficilement la guerre...
Djibouti, lui, nous était déjà apparu comme une brute épaisse. Dans ce second tome, il dévoile un visage bien pire que cela. Tuant de sang-froid, ne montrant aucune pitié, il n'est pas sympathique au lecteur. Mais cela est voulu. Dorison prépare le terrain, puisque Djibouti, on le pressent déjà, va jouer un rôle néfaste en tant qu'informateur involontaire d'espions allemands. De quoi offrir des développements intéressants pour les prochains albums...

La Marne confirme l'excellente qualité de la série Les Sentinelles. Dorison poursuit sa production de scénarios remplis de très bonnes idées. Breccia continue quant à lui de nous émerveiller avec ses dessins magnifiques. À suivre, le troisième tome, Ypres, devant paraître dans quelques mois...

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