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Setsuko

Jung (Scénariste, Dessinateur, Coloriste)
Cycle/Série : 
Langue d'origine : Français
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 30/04/2002  -  bd
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Setsuko

Né à Séoul, puis élevé en Belgique, Jung tire de ses origines mixtes toutes les qualités du métissage culturel. A un dessin très européen, il associe avec talent un rythme, des couleurs et un lyrisme tout asiatiques. Après avoir tâté de l'heroic-fantasy avec La Jeune Fille et le vent (Delcourt) pour laquelle il assurait le dessin, le voici de retour avec une série qu'il réalise de bout en bout : Kwaïdan (" fantôme " en japonais). Setsuko, le deuxième tome, vient de sortir, l'occasion pour ActuSF de faire le point.

L'esprit du lac

Nous voici au treizième siècle, dans un Japon tout empreint de mystère et de magie. Les eaux d'un lac sont tout particulièrement chargées de pouvoir : le pouvoir de l'immortalité ! L'origine de ce prodige ? Le sacrifice de la belle dame Orin. Celle que l'on appelle désormais la princesse du lac s'est suicidée en ces eaux, après que sa sœur, la perfide Akane jalouse de sa beauté et de l'amour de Nanko, l'a défigurée.
De retour de la guerre, Nanko le samouraï ne peut supporter ce destin et, après s'être crevé les yeux, il rejoint pour toujours sa bien-aimée dans les profondeurs du lac. Seule avec sa haine, Akane devenue immortelle assujettit une armée de fantômes pour surveiller l'esprit de sa sœur, captif des eaux.

Une femme sans visage

Malgré ces précautions, les esprits des amants s'échappent plus d'un siècle plus tard, et l'âme d'Orin a tout juste le temps de pénétrer le corps d'une femme enceinte avant d'être rattrapée par la garde d'Akane. La petite Setsuko verra le jour sans visage, et elle grandira en se cachant derrière un masque, n'attirant que le mépris. Un jour, elle rencontrera un peintre aveugle, Seminaru, avec qui elle s'enfuira.

Voilà peut-être une chance pour Orin et Nanko de voir se concrétiser leur amour perdu à travers deux êtres de chair. Malheureusement, Akane ne l'entend pas de cette oreille et elle compte bien protéger son immortalité si chèrement acquise de la vengeance de sa sœur ! Elle dressera de nombreuses embûches sur le chemin tortueux de l'âge adulte de Setsuko et Seminaru. Elle mettra sur leur route son armée de fantômes, et manquera de les séparer dans le gouffre de l'enfance perdue. Mais toutes ces tentatives ne feront que souder plus encore l'amour qui les unit.

Plébiscite ?

Des séries comme Kwaïdan donnent leur réelle raison d'être aux Terres de Légendes, car s'il est bien une chose que l'on ne peut nier, c'est que le Japon médiéval de Jung est riche de calligraphies légendaires et d'estompes exotiques. Ce conte nous narre la quête d'identité d'une jeune femme sans visage sur fond de romance mythique. La structure du récit est riche, avec des flash-back qui assurent la liaison d'un scénario à plusieurs niveaux. Le découpage est lui aussi ambitieux, avec des planches pleine-pages très réussies.

Aussi je modèrerai ma critique du dessin dont je ne raffole pas. Je trouve surtout que les personnages sont en dessous du reste, avec des attitudes un peu raides voire figées ; c'est de la BD mais tout de même ! Cette critique toute personnelle mise à part, je me rallie volontiers au plébiscite qui a accompagne cette série, pourvue notamment d'encrages sublimes, avec des verts liquides de toute beauté. On reconnaît là les qualités de l'illustrateur maniant les couleurs directes avec virtuosité. Un vrai talent, à découvrir !

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