- le  
SF et savanture - Une interview d'André-François Ruaud
Commenter

SF et savanture - Une interview d'André-François Ruaud

Ce matin, André-François Ruaud revient sur les dernières publications des Moutons Électriques, relevant de la "savanture".
Mais qu'est-ce que la "savanture" ?

Actusf : En 2021, les Moutons Electriques ont publié différentes « écotopies ». Et pour bien débuter 20222, vous vous attaquez à la « savanture ». Qu’est-ce ? Comment définiriez-vous ce genre ?

André-François Ruaud : Il s’agit du nom qu’on adopté de manière assez ludique les collectionneurs, chercheurs et connaisseurs de l’anticipation francophone ancienne. Boris Vian autrefois avait forgé ce terme de « savanturier ». En clair : c’est tout l’univers et l’esthétique que ‘on nomme aussi « merveilleux scientifique », à savoir la science-fiction avant que le rouleau compresseur de la culture étasunienne ne vienne écraser et effacer l’héritage littéraire considérable qui existait avant le flot des traductions. On écrivait de la SF bien avant les Américains, quoi, et il est plus que temps de s’en souvenir : de grandes expositions à la BnF et aux Arts et métiers l’ont enfin remis en avant, le « artbook » de Jean-Luc Boutel aussi (Merveilleux scientifique, chez les Moutons électriques), la formidable série BD de Lehman & Co sur la Brigade chimérique joue avec cet imaginaire, et… il est grand temps de rééditer des textes majeurs de ce courant littéraire.

Actusf : Qu’est-ce qui vous attire dans ces récits ? La plume, le message ? Abordent-ils des thématiques qui vous touchent particulièrement ? Lesquelles ?

André-François Ruaud : Cet imaginaire est à la source même de la SF, j’oserai dire que c’est un peu Jules Verne en mieux, en ce sens que chez Le Rouge et chez Groc tout explose, tout épate, les auteurs osent décoller très loin du réel, mettre en scène des peuples et des événements formidables, spéculer follement — ce que l’on pouvait trouver fascinant dans les « pulps » américains est également présent dans la fiction savanturière, c’est absolument réjouissant.

Actusf : Comment avez-vous sélectionné les œuvres que vous souhaitiez publier ?

André-François Ruaud : Fort aisément : pour moi ce sont deux des romans qui m’ont amené à la SF, tout simplement. J’en ai parlé ici. Je tenais plus spécialement à ces deux romans, le diptyque martien de Gustave Le Rouge et l’exploration souterraine de Léon Groc, parce que pour moi, dans mon imaginaire personnel, ils étaient fondamentaux. En tant qu’éditeur ils me semblaient donc relever de l’évidence.

Actusf : Pouvez-vous nous présenter vos toutes dernières publications ? Je pense notamment au Prisonnier de la planète Mars de Gustave Le Rouge et à L’Équilibre des paradoxes de Michel Pagel.

André-François Ruaud : Ces deux œuvres se placent sur des niveaux très différents : l’une (Le Rouge) est l’inspiration originale, un chef-d’œuvre de la « première science-fiction », tandis que le roman de Michel Pagel, prix Verlanger et Rosny aîné, relève de l’hommage, il s’agit d’une jubilatoire reconstitution historique avec extraterrestres et voyages dans le temps, presque du steampunk en somme. Chez Gustave Le Rouge se construit un paysage phénoménal d’une Mars peuplée d’une écologie sans pitié, monstrueuse de notre point de vue. Une splendide création de monde, survoltée et littérairement très soutenue, qui plus est, à laquelle nous avons donné un écrin digne de son importance : une édition reliée, toilée, illustrée et imprimée en rouge sombre. Michel Pagel pour sa part se place en héritier de toute cette tradition et, grand écrivain lui-même, porte une histoire très forte et très originale, qui a impressionné lors de sa première parution (d’où les deux prix qu’il a obtenu). Et pour le plaisir esthétique, nous l’avons pour sa part imprimé en brun sombre. Pour moi, il s’agit en fait de deux œuvres majeures, se répondant à travers les années, en « enjambant » en quelque sorte la culture anglo-saxonne qui fut surimposée entre temps.

Actusf : Prévoyez-vous d’autres sorties « savanturiennes » ?

André-François Ruaud : Les prévoir c’est beaucoup dire : nous attendons de voir quelle aura été la réception de cette première volée de titres, mais nous espérons en sortir d’autres l’an prochain, nous en avons déjà plusieurs dans nos tuyaux !

Actusf : Où pourrons-nous croiser les Moutons électriques dans les mois à venir ?

André-François Ruaud : Au fil des salons : Salon de Chanier (près de Saintes) 2022 : 2 et 3 avril - team Bx
Escale du Livre 2022 : 8 au 10 avril - team Bordeaux
Mons 2022 : 15 au 17 avril - team Metz
Imaginales 2022 : 19 au 22 mai - team Metz
Marmande 2022 : 28 et 29 mai - team Bordeaux
Salon de Chanier (près de Saintes) 2022 : 2 et 3 avril - team Bordeaux
Escale du Livre 2022 : 8 au 10 avril - team Bordeaux
Mons 2022 : 15 au 17 avril - team Metz
Imaginales 2022 : 19 au 22 mai - team Metz
Marmande 2022 : 28 et 29 mai - team Bordeaux
Et également avec des rencontres en librairies de Laureline Mattiussi, Jean-Philippe Jaworski, Alex Nikolavitch et Julien Heylbroeck.

à lire aussi

Partager cet article

Qu'en pensez-vous ?