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Shangri-La

Langue d'origine : Français
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 02/09/2016  -  bd
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Shangri-La

Diplômé en arts appliqués, Mathieu Bablet se fait rapidement repérer par Ankama Editions dès son premier envoi, avec La Belle Mort. Suivent, peu de temps après, les deux albums de Adrastée, BD mythologique où l'on retrouve tout le talent de l'auteur. Puis, Shangri-La, longue BD de science-fiction dans laquelle on retrouve la touche et le savoir-faire de l'auteur. A signaler qu'il participe aussi à DoggyBags, dans le même label 619. Ce jeune auteur, avec déjà quelques publications remarquées à son actif, est un auteur à suivre !
 
Dans un lointain futur...
 
Les Hommes, et certains animoïdes, vivent ensembles dans une station spatiale bien éloignée de la Terre. Celle-ci n'offrait plus un environnement vivable pour l'Homme, et ils n'ont eu d'autre choix que de l'abandonner. Une minorité de survivants s'est alors réfugiée dans une station dirigée par une multinationale omnisciente qui se targue d'offrir aux habitants une vie parfaite, dans le bonheur. 
 
Et force est de constater que cet ensemble semble bien fonctionner. Mais hélas, l'Homme n'est jamais satisfait ; et quand il lui vient l'envie de se sentir l'égal des dieux, la conscience collective si bien gérée semble se fissurer, et le mécontentement poindre. 
 
Brillant!
 
Il est à noter que cet album, un bien bel objet de plus de 200 pages, est impressionnant. Déjà de par son poids, son esthétisme, et sa qualité. On comprend que l'on tient entre les mains une grosse histoire. Et quelle histoire ! Une fin d'humanité, qui s'est reconstruite, avant de sentir sa fin pointer à nouveau. Une histoire angoissante qui se fait rapidement sentir par le lecteur. 
 
Le rythme est rapidement donné : les personnages montrent une belle complexité psychologique, éprouvent des remords, et doivent lutter entre la conscience collective, la morale, l'éducation, et les liens de sang et d'amitié. Les faits quant à eux s'enchaînent sur peu de temps, et la civilisation bascule peu à peu dans un chaos difficile à gérer. 
 
Mais, si l'album est si brillant, c'est bien par sa construction, son potentiel de relecture, et ses nombreuses allusions plus ou moins fines à notre propre civilisation. Mathieu Bablet manie brillamment l'intrigue, les retournements, les personnages, pour évoquer et faire écho à de nombreuses situations vécues par le lecteur. On se reconnaîtra ou pas dans la société de consommation décrite, dans les allusions publicitaires rendues avec finesse dans leur message, ou dans les réactions des personnages, quels qu'ils soient. Mais on ne restera forcément pas indifférent face à cette débauche de talent scénaristique. L'ensemble, bien que science-fictif, n'est qu'un bel écho à notre situation actuelle, et ça bousculera sûrement, espérons-le agréablement, plus d'un lecteur. Et ne parlons pas des passages de dialogues avec les révolutionnaires, et la partie politique de l'oeuvre, qui montre avec talent la complexité de ces sujets, surtout lorsqu'ils concernent directement la population vivante. 
 
Le tout est admirablement bien illustré. Si les personnages présentent des visages avec des traits plus ou moins simplistes (on y retrouvera en réalité la touche de Bablet), on notera surtout de magnifiques planches mettant en avant les sorties spatiales face à une Terre, ou une planète, qui laissent rêveur. Les phases en intérieur de la station sont tout aussi bien maitrisées : on ressent l'angoisse du manque de place, l'empilement des corps et de l'architecture, et le confinement dans un espace restreint. Le lecteur se sent étouffer avec les protagonistes. Les phases en extérieur quant à elles sont particulièrement agréable grâce à un jeu sur l'espace et les couleurs. La mise en couleur justement sert tout autant le dessin que le scénario, et le lecteur ressentira alors l'homogénéité impressionnante de cet album. Rien n'est laissé au hasard !
 
Vous l'aurez compris, c'est un grand coup de coeur, qui se savoure, et qui trouve sa place bien méritée dans toute bibliothèque qui se respecte. Merci Mathieu Bablet !

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