Souche Majeure est le premier roman d'Alain Berson (à ne pas confondre avec le spécialiste de films canadiens du même nom), mais il a déjà publié des nouvelles dans plusieurs fanzines, nouvelles qui ont servi de point de départ pour la rédaction du roman. Il s'agit en fait du premier volume d'une trilogie, Les Enfants du Nabuko. La parution du deuxième volume, La Cathédrale noire, est également prévue aux Editions Quatrième Zone, une petite maison d'édition récente spécialisée dans la science-fiction et le fantastique et dirigée par Violetta Adamska et Pierre Luc Baslé.

Guerre totale

Isaran est la guerrière ultime, modifiée chirurgicalement (des griffes rétractables, ça vous rappelle quelque chose ?) et parfaitement entraînée par ses anciens patrons, la Triautorité. Etonnemment, elle réussit à leur échapper, et, plus étonnament encore, ils l'ont laissée faire... Mais Isaran ne sait pas exactement ce qu'elle cherche. Et dans un monde contrôlé totalement par la Triautorité à l'aide de l'exploration de paysage mental et de la Chorale, une armée basée sur un concept révolutionnaire, a-t-elle une chance de pouvoir découvrir quoi que ce soit, pour autant qu'il y ait quelque chose à découvrir ? La réponse est peut-être auprès des seules organisations qui échappent au contrôle du gouvernement: les terroristes et les fanatiques. Mais peut-elle faire confiance aux terroristes ? Et on ne sait rien sur les Fanatiques, qui apparaissent en ville de temps en temps, massacrent au hasard, puis disparaissent...

Un monde intriguant...

Un roman étrange, où les personnages se débatent dans une situation de crise perpétuelle et où la seule possibilité de survie est dans l'action... Un peu comme un jeu vidéo, une impression accentuée par l'interchangeabilité des adversaires, l'omniprésence de la violence, surtout en corps-à-corps, et par, finalement, la simplicité des personnages, presque des stéréotypes, où le lecteur reconnaît presque des figures connues, en particulier issues de comics. Mais le lecteur n'est pas face à une scénarisation de jeu supplémentaire. Si les personnages n'acquièrent pas une profondeur exceptionnelle, par contre, l'intrigue va en se complexifiant du fait de leurs motivations cachées. C'est une histoire de lutte contre un pouvoir omnipotent, mais le dit pouvoir agit réellement dans l'intérêt de l'humanité, pour autant qu'on puisse en décider aussi tôt dans le récit, tandis que ses adversaires semblent manquer cruellement d'objectifs au-delà de la victoire, ainsi que de considération pour les dégâts collatéraux... On est bien loin d'une lutte manichéenne du bien contre le mal, et les volumes suivants apporteront sans doute leur lot de révélations. Alain Berson parvient également à introduire les informations sur les particularités de son monde progressivement, en particulier par les en-têtes de chapitres. Il parvient à donner de la cohérence à son univers en inventant de nouvelles variations sur de très anciens thèmes de la science-fiction, comme par exemple la téléportation.

Bien entendu, étant donné qu'il s'agit du premier volume d'une trilogie, la suite et la fin décideront de l'intérêt réel de l'ensemble, mais Alain Berson a réussi, pour son premier roman, à créer une oeuvre intéressante et personnelle.

Malgré quelques (rares) maladresses, un monde intriguant et une trilogie à suivre...