Todd McFarlane est un homme d'affaire prospère. Le succès du Spawn originel le dispense désormais de s'user les yeux sur sa table à dessin. Les nombreuses licences qu'il exploite et celles qu'il accorde en font l'un des plus gros fabricants de jouets du monde. C'est aussi un petit malin, qui n'hésite jamais à remettre son héros au tapin pour relever les compteurs. C'est ainsi qu'après Spawn, nous avons déjà eu droit, et dans le désordre, à Curse of Spawn, Shadows Of Spawn, Hellspawn, Spawn The Dark Ages et Spawn se calme et boit frais à St Tropez. Dernier avatar à toucher nos côtes : Spawn Undead.
Confiée à Paul Jenkins pour l'histoire – troisième voire quatrième couteau dans l'écriture de la saga Hellblazer – et pour le dessin à Dwayne Turner, déjà coupable du Curse Of Spawn, cette nouvelle série escalade pierre à pierre les gouffres abyssaux du pathétique sans jamais parvenir à voir le jour.
La branche la plus radicale des Castors Juniors
Si le Spawn est toujours un envoyé des Enfers révolté contre son maître, il s'est cette fois allié à une nouvelle force désireuse de s'interposer entre le Bien et le Mal au jour du Jugement Dernier : la Nature. Ou plus exactement les forces primales de la Terre.
Ainsi encarté à la branche la plus radicale des Castors Juniors, son nouveau job, au gars Spawn, c'est d'aider les pauvres mortels dont l'âme a été escroquée par des anges ou des démons, à retrouver leur liberté de choix. Seulement voilà. Vous savez ce que c'est quand on change de boulot. Ben il faut un peu de temps pour trouver ses marques, apprendre à connaître ses nouveaux collègues, savoir où est la machine à café, tout ça quoi… Voilà sans doute ce qui est sensé excuser ces quatre petites histoires assez pâlottes, servies bout à bout, où un Spawn bien dévoué vient permettre à un alcoolo de se suicider, à un occultiste du dimanche de payer ses dettes, à une cinoque d'enterrer sa grand-mère et à un gourou de foutre en l'air sa secte, adeptes compris.
Dur dur...
La perspective prochaine d'un Spawn fait les courses pour la petite vieille du quatrième gauche, et de Spawn fait traverser les aveugles dans les clous nous ravit par avance. On nous annonce aussi un Spawn fait la discomobile : Mariages, Bar-Mitzah et Enterrements, des plus prometteurs que nous sommes légitimement impatients de découvrir.
Même les fans les plus hardcore auront du mal à retrouver leur héros dans cette séquelle nuisible, servie par un auteur qui ne sait pas écrire et par un dessinateur au trait si dénué de personnalité qu'il en est réduit à donner à ses protagonistes des visages de personnages de série T.V. Le mieux serait sans doute de renvoyer cette infamie aux abîmes qu'elle n'aurait pas dû quitter, mais l'ennui avec les héros déjà morts c'est qu'ils sont tellement durs à tuer.
La chronique de 16h16