Diplômée de journalisme et de lettres, Elizabeth Laban a travaillé pour NBC News et enseigné le journalisme. Elle a écrit de nombreux articles pour magazines et journaux. Sujet : Tragédie est son premier roman.
La découverte d'une tragédie.
Chaque année, à l'internat, la tradition veut que les élèves de dernière année trouvent un trésor dans leur nouvelle chambre, laissé par leur prédécesseur. Héritant de la plus petite chambre, Duncan découvre une pile de CD laissés par son ancien propriétaire, Tim.
Duncan avait déjà croisé le jeune albinos au cours de l'année précédente, et il semblerait qu'ils aient vécu un drame commun. Tim a enregistré sa voix sur les CD et lui raconte sa vision de l'année passée. Grâce au récit que lui livre le jeune homme, Duncan va redécouvrir les événements tragiques, et apprendre à mieux connaître son prédécesseur. Il va également découvrir la relation qu'entretenaient Tim et Vanessa. Ce témoignage va ainsi lui permettre de prendre en main sa propre vie, et de mieux comprendre ce qu'est une tragédie.
Une construction originale
Le récit alterne le témoignage de Tim concernant les événements passés, et le point de vue de Duncan qui écoute ce témoignage dans le présent. La narration à la première personne pour le personnage de Tim permet de créer du suspens au début du roman et pique la curiosité du lecteur.
Le témoignage d'un personnage albinos permet aussi d'apporter des réflexions sur le regard des autres et le poids de la différence. Cela permet également d'instaurer une romance originale, qui ponctue le récit.
L'auteur amène par ailleurs une réflexion autour de la tragédie, et notamment le rôle des héros dans leur propre destruction.
Un manque d'étincelle
Par le choix narratif qui est fait, on s'intéresse moins au personnage de Duncan qu'à celui de Tim. Cela crée un certain déséquilibre dans la lecture.
Vanessa et Tim semblent avoir été plus travaillés que tous les autres personnages qui surfent sur les clichés du monde lycéen (athlète beau gosse volage, petite amie belle, dévouée, compréhensive et intelligente...).
De plus, le récit de Tim s'essouffle à mesure que l'on avance dans le roman. Le suspens du début s'atténue et les événements qui se déroulent ensuite manquent d'originalité.
Le point culminant du récit est censé être un drame catastrophique, en fin de roman, mais l'on se rend compte après coup que le véritable climat était dans les cents premières pages. Du coup, on reste sur sa fin et l'effet dramatique n'est pas à la hauteur de ce que promet le narrateur.
On notera également que les phrases d'accroche sur la couverture, du type "Quand l'amour est une question de vie ou de mort" desservent plus le récit qu'autre chose : on s'attend à un vrai drame shakespearien, comparaison qu'il n'est pas facile d'honorer!
On sent néanmoins un travail de construction de l'auteur; qui réalise elle-même une sorte de dissertation sur la tragédie. La démonstration intellectuelle est efficace, mais le tout manque de passion, et le lecteur n'est pas véritablement emporté.
Au final, ce roman renferme de bonnes idées, de bonnes techniques narratives et une touche d'originalité qui ne sont malheureusement pas complètement exploitées et ratent un peu leur effet. Il pourra cependant plaire aux lecteurs qui aiment les drames et les histoires d'amours compliquées.