Stephen Baxter est un auteur anglais de science-fiction dont les ouvrages sont habituellement classés dans la catégorie hard-science. Scientifique de haut niveau, ayant failli lui-même devenir astronaute, il se passionne pour la conquête spatiale et imagine dans la majorité de ses textes la possibilité de colonisation de l’espace ou d’une lointaine planète par l’espèce humaine.
Temps , le premier tome des trois volumes qui composent la série des Univers Multiples, convie le lecteur à une exploration temporelle de notre galaxie.
Projet cosmique
Il s’en est fallu de peu pour que Reid Malenfant devienne un astronaute accompli. Mais le destin en a décidé autrement et le voilà condamné à rester au sol. Il fonde alors sa propre société, Le Pied à l’Etrier, dont son ex-femme, Emma Stoney, est la gestionnaire. Son entreprise consiste à racheter des anciennes fusées, pour les transformer en brûleurs de déchets. Mais ce qu’il est train de manigancer dans le désert californien est bien plus audacieux qu’il n’y paraît au premier abord. C’est ce qu’Emma découvre lorsque Cornélius Taine, génie scientifique et représentant d’Eschatologie Inc., vient proposer son soutien au projet de Reid Malenfant. Ce dernier envisage de faire voler à nouveau les anciennes fusées pour atteindre les astéroïdes, et permettre ainsi à l’humanité d’utiliser les ressources illimitées de l’espace pour se développer dans toute la galaxie. Son rêve rejoint les espoirs de Cornélius Taine, qui prévoit qu’à moins d’une échappatoire, l’espèce humaine est vouée à disparaître au plus tard d’ici deux cent ans, suivant la logique de la catastrophe de Carter…
Vertige temporel
L’histoire débute dans un univers qui nous est tout à fait contemporain, en 2010, bien que légèrement futuriste au moment de la première édition du roman, en 1999. Mais ce contexte familier va vite être largement dépassé. Stephen Baxter s’aventure sur une échelle de temps telle qu’elle devient presque impossible à imaginer. On touche au gigantisme, dans une vision qui s’étale sur des milliards d’années et même plus, autour de chiffres qui n’ont plus vraiment de sens. Mais cette immensité temporelle ne gêne en rien à la compréhension du propos, bien au contraire. Elle amène à une vision au long terme, que l’Homme a souvent du mal à atteindre, compte-tenu de sa brève espérance de vie.
Temps , le premier tome des trois volumes qui composent la série des Univers Multiples, convie le lecteur à une exploration temporelle de notre galaxie.
Projet cosmique
Il s’en est fallu de peu pour que Reid Malenfant devienne un astronaute accompli. Mais le destin en a décidé autrement et le voilà condamné à rester au sol. Il fonde alors sa propre société, Le Pied à l’Etrier, dont son ex-femme, Emma Stoney, est la gestionnaire. Son entreprise consiste à racheter des anciennes fusées, pour les transformer en brûleurs de déchets. Mais ce qu’il est train de manigancer dans le désert californien est bien plus audacieux qu’il n’y paraît au premier abord. C’est ce qu’Emma découvre lorsque Cornélius Taine, génie scientifique et représentant d’Eschatologie Inc., vient proposer son soutien au projet de Reid Malenfant. Ce dernier envisage de faire voler à nouveau les anciennes fusées pour atteindre les astéroïdes, et permettre ainsi à l’humanité d’utiliser les ressources illimitées de l’espace pour se développer dans toute la galaxie. Son rêve rejoint les espoirs de Cornélius Taine, qui prévoit qu’à moins d’une échappatoire, l’espèce humaine est vouée à disparaître au plus tard d’ici deux cent ans, suivant la logique de la catastrophe de Carter…
Vertige temporel
L’histoire débute dans un univers qui nous est tout à fait contemporain, en 2010, bien que légèrement futuriste au moment de la première édition du roman, en 1999. Mais ce contexte familier va vite être largement dépassé. Stephen Baxter s’aventure sur une échelle de temps telle qu’elle devient presque impossible à imaginer. On touche au gigantisme, dans une vision qui s’étale sur des milliards d’années et même plus, autour de chiffres qui n’ont plus vraiment de sens. Mais cette immensité temporelle ne gêne en rien à la compréhension du propos, bien au contraire. Elle amène à une vision au long terme, que l’Homme a souvent du mal à atteindre, compte-tenu de sa brève espérance de vie.
Comme presque chaque ouvrage de Stephen Baxter, le contenu est complexe, mais pas trop. Il s’appuie comme souvent sur des théories existantes, dont certaines références sont mentionnées en postface.
La situation d’urgence qui imprègne le roman, suite aux interventions de Cornélius Taine et sa mention de la « Catastrophe de Carter », théorie basée sur les statistiques et les probabilités –qui voudrait que l’espèce humaine n’ait plus que peu de temps à vivre avant qu’une catastrophe la raye de la surface de la Terre –, est tirée d’une hypothèse soulevée par Brandon Carter. Ce physicien britannique, chercheur en cosmologie au CNRS, directeur du Laboratoire de l’Univers Théorique de Paris-Meudon, spécialiste des trous noirs, a également développé le principe anthropique qui sous-tend l’ensemble du récit. Ce principe – plutôt de nature philosophique et métaphysique que scientifique – suppose que tous les univers possibles ne permettraient pas la naissance de la vie, ou plutôt que l’apparition de la vie influe sur les propriétés de l’univers lui-même, qui ne serait pas le même si la vie n’y avait pas été présente. Par extension, il existerait une multiplicité d’univers, parmi lesquels le nôtre, qui contiennent la vie. Cette idée rejoint celles des philosophes qui expriment le fait que l’univers n’existerait peut-être que parce que nous sommes là pour l’observer, et posent la question de savoir si nous n’existions pas, l’univers lui-même existerait-il tout de même ? Stephen Baxter développe en finesse cette théorie, sans la décrire directement mais en nous en imprégnant au fur et à mesure de la lecture. On retrouve une réflexion similaire dans Isolation de Greg Egan, roman dans lequel ce dernier imagine le fait que l’Homme qui pense et regarde le monde annihile à chaque instant tous les autres possibles, ces autres univers qui auraient pu voir le jour.
Stephen Baxter se base également dans Temps sur des théories plus techniques, comme la mécanique quantique, l’effondrement du vide, la radio de Feynman, les pépites de quarks… Il rebondit d’autre part sur les idées de Freeman Dyson, dont Cornélius Taine se fait le porte-parole indirect en mentionnant l’exploitation de l’énergie des trous noirs. Sans oublier bien entendu les concepts de la relativité du temps, de l’entropie… de quoi se poser bien des questions.
Grandiose
Si le roman comprend de nombreux développement scientifiques, ce n’est jamais au détriment de l’histoire humaine, comme toujours avec Stephen Baxter. C’est ce qui fait entre autres la qualité de ses textes, car il parvient à nous intéresser à ses personnages en plus de ses théories.
Si Reid Malenfant et Emma Stoney demeurent les personnages principaux de ce roman, les autres protagonistes sont tous essentiels à leur manière. Maura Della, la politicienne chargée de surveiller les projets de Reid Malenfant, Dan Ystébo, le scientifique qui seconde Reid Malenfant, les « enfants bleus » – une référence au concept new age d'« enfants indigos » ? – ces enfants ces enfants à l’intelligence surdéveloppée, notamment le petit Tom Tybee et la jeune Anna, mais surtout Michaël, jeune enfant africain dont le rôle va être primordial…. Les destinées de chacun des personnages sont liées et s’entremêlent, pour composer une toile que l’on ne découvre (en partie) qu’à la fin. L’alternance des points de vue des personnages, parfois même des anonymes qui ne font qu’une apparition, ainsi que d’autres que l’on ne pense croiser qu’une fois et qui finalement reviennent, apportent un rythme sans temps morts. Cette structure, où chaque récit est interrompu au bon moment, souvent utilisée par Stephen Baxter, permet d’entretenir l’attente et l’envie de continuer à lire.
Quelques réflexions métaphysiques sur la place de l’Homme dans l’univers, mais sans dimension religieuse à proprement parler, subliment le récit. Isolés, seuls face à un univers désespérément vide, les protagonistes de Temps s’interrogent, et nous avec eux. Reid Malenfant est-il un idéaliste un peu fou qui compense l’échec de son rêve personnel, ou bien un visionnaire incompris ? Que vont-ils trouver sur Cruithne, cet astéroïde dont l’orbite croise celle de la Terre, et dont les coordonnées leur ont été transmises par les ondes du futur ?
L’auteur nous insuffle une vision grandiose de l’espèce humaine, ou du moins des meilleurs de ses représentants. Ceux qui surpassent leurs peurs et leurs faiblesses, qui, acculés dans leurs retranchements, donnent encore le meilleur d’eux-mêmes. C’est ce qui confère beaucoup de sensibilité et de tendresse à ses personnages, sans jamais tomber dans le pathos, mais au contraire avec beaucoup de simplicité. Stephen Baxter utilise les gestes basiques du quotidien, qui parlent à tout le monde, pour faire comprendre les difficultés rencontrées face à l’inconnu et à l’espace. Cependant les potentialités de l’espèce humaine ne sont pas les seules qui sont développées ici, puisque c’est un calmar à l’intelligence améliorée par manipulation génétique qui se rend le premier sur l’astéroïde. L’auteur réussit à nous convaincre sans hésiter que Sheena 5, ce céphalopode dévoué, puisse conduire une fusée et diriger une mission sur un astéroïde.
Au fond, Stephen Baxter est aussi littéraire et philosophe que scientifique, ce qui n’étonne pas de quelqu’un qui cite Shakespeare en exergue de la première partie de son livre, ou le philosophe Lucrèce en seconde partie – qui lui aussi croyait déjà en l’existence d’univers multiples.
Astronomique
Avec Temps, Stephen Baxter est à son plus haut niveau. La fin de ce premier volume des Univers Multiples laisse place à un potentiel incroyable. Il parvient à nous faire ressentir la fragilité de la planète Terre et à nous convaincre de l’urgence pour l’espèce humaine de tenter de coloniser l’espace. Il en fait, le temps de cette aventure, un grand terrain de jeu à notre portée. Astronomique, à l’aune de l’imagination de son auteur, Temps nous fait avant tout rêver, au présent comme au futur.