En attaquant son édito par quelques chiffres sur les quatre premières années de Ténèbres (2104 pages, 150 collaborateurs, 13 numéros), le rédacteur en chef de la revue, Daniel Conrad, aurait pu aussi glisser ceux de ce treizième numéro : 2 dossiers, 5 interviews, 12 nouvelles… Voilà de quoi rendre les 160 pages de la revue bien denses. Autant dire qu'il y en aura pour tout le monde ! Enfin, surtout pour les amateurs de fantastique…
Moorcock is back !
S'il y a un auteur qui domine ce numéro, c'est bien entendu Michael Moorcock. Qui n'a pas lu ses œuvres les plus connues comme Elric, Hawkmoon et les autres ? Point de vue notoriété, le bonhomme est un géant de la fantasy. Evidemment, cela rend son interview tout bonnement exceptionnelle. A elle seule, elle fait de ce numéro un must. Le mot est sans doute un peu fort mais l'événement est de taille. Bien sûr, les esprits chagrins diront que Moorcock n'est pas Stephen King. Il ne donne pas dans le " fantastique-qui-fait-peur ". Mais comme l'on peut s'en rendre compte dans sa nouvelle Un samedi soir tranquille à l'amicale des pêcheurs et chasseurs surréalistes, il sait aussi donner à ce genre quelques petites perles d'humour qui valent le détour. Le décalage permanent qu'il installe dans cette histoire de visite de Dieu dans un petit club tranquille est savoureux.
Dans le même ordre d'idée, on pourra aussi se délecter de la nouvelle de Jean-Pierre Andrevon. Si elle n'est pas franchement terrifiante, Il suffit d'un rien boxe dans la catégorie des plus émouvantes de ce numéro. Son héros, qui avec tendresse parle à son ami mort, possède assez de mélancolie et de force pour créer son petit effet et remuer le lecteur. On en redemande…
En vrac…
Remuer, bousculer, donner des frissons… C'est l'objectif de la plupart des autres nouvelles de la revue. On (re)découvrira au passage Florence Bourdhier et ses trois textes de pure terreur enfantine, Poppy Z.Brite et sa nouvelle complètement décalée sur le diable et son chat, Joe Lansdale et ses soucis d'estomac débouchant sur une légende urbaine, Richard D. Nolane et son angoissante plongée dans les univers sado-maso d'internet, Nancy A.Collins et sa nouvelle version du Retour de Martin Guerre, et enfin Philippe Caza (lorsque l'illustrateur prend son clavier pour raconter des histoires) et Andrea H. Japp.
Dense et éclectique !
Dense et éclectique constituent les meilleurs qualificatifs de ce numéro 13 de Ténèbres. Le choix proposé permet l'émergence de textes de très haut niveau et lisse certaines petites déceptions. Ici, il y en a vraiment pour tout le monde ! Ce serait bien le diable de ne pas y trouver son bonheur !
La chronique de 16h16 !