Alfred Bester (1913-1987) est un écrivain américain qui commence à publier ses premières nouvelles de science-fiction à 26 ans. Il travaille sur plusieurs scénarios de DC Comics puis pour la radio et la télévision.
Dans les années 1950, il publie son premier roman de science-fiction L'homme démoli, qui reçoit le premier prix Hugo de l'Histoire en 1953, puis publie son second roman avec Terminus les étoiles en 1956.
Gully Foyle ou la soif de vengeance...
Au XXVème siècle, le système solaire est colonisé mais les relations entre habitants des planètes telluriques et ceux des satellites des géantes gazeuses sont sur le point de sombrer dans la guerre.
Brute épaisse, ignorante et sans talent, Gullyver Foyle est l'unique survivant du crash du Nomad dans la ceinture d'astéroïdes. Alors qu'il pense être sauvé par un vaisseau qui s'approche, ce dernier l'ignore et s'éloigne. Dès lors Foyle n'a plus qu'une idée en tête : se venger.
Ces deux intrigues que rien ne semble lier vont bientôt se rejoindre, car tandis que Foyle abandonne les lambeaux de son humanité à sa folie vengeresse, les destinées du système solaire le conduisent à forger une nouvelle conception de l'Homme.
La guerre froide et l'Homo futurus
Terminus les étoiles se dévore d'une traite. Bester a peut-être peu écrit mais il écrivait bien. Il suggère mais va à l'essentiel, il expose sans jamais ralentir. Voilà pour le style : c'est solide et prenant.
Mais le plus captivant dans cet ouvrage de science-fiction, c'est le reflet qu'il offre du passé. Alfred Bester est Américain. Le livre date de 1956. Il a donc été écrit durant un temps fort de la guerre froide. Dès lors, cette histoire prend des allures de métaphore.
Les populations telluriques s'opposent aux habitants des satellites des géantes gazeuses du système solaire. Et les deux camps sont à la recherche d'une matière incroyablement puissante, dont l'emploi anéantirait le système solaire, voire l'univers entier : une sorte de particule d'antimatière appelé le PyrE.
Alfred Bester utilise donc la course aux armements de la guerre froide et la torture pour créer son univers dans lequel Foyle prend les apparences du Gulliver de Swift : un géant parmi les autres hommes, capable de prouesses et de monstruosités formidables mais aussi un homme pris dans le jeu de géants en quête du pouvoir de destruction ultime.
De ce canevas, Alfred Bester extrait une fable sur ce qu'est être un homme et être un humain. A n'en pas douter, Foyle est un monstre qui n'appartient plus à la société des hommes. Son visage, qui connaît une modification horrible dès les premières pages, est la marque de la perte de son humanité. Pourtant c'est par lui qu'advient la possible renaissance de l'humanité lorsqu'il offre le PyrE aux hommes. Ainsi s'achève la métamorphose de Foyle : d'homme tigre, il devient Prométhée.