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Terres lointaines 2

Léo (Scénariste), Icar (Dessinateur)
Cycle/Série : 
Langue d'origine : Français
Aux éditions : 
Date de parution : 31/08/2009  -  bd
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Terres lointaines 2

Six mois après la sortie du premier tome de la série, nous voici une seconde fois plongés dans les Terres lointaines sur une planète du système Altaïr. Nous ne sommes plus dans les Mondes d'Aldébaran de Léo, mais nous n'en sommes quand même pas loin. Ne serait-ce qu'en raison du biotope aussi allogène qu'antipathique.

Dans le premier épisode, le cadre était fixé : sur Altaïr-3, Paul laissait sa mère et sa sœur pour partir à la recherche de son père, censé les accueillir à l'astroport. Livré à lui-même sur une planète peu engageante, il faisait alors l'heureuse connaissance de Stepanerk, une langouste centauresque géante,  amicale, puissante, intelligente et pour tout dire fort utile. Pour retrouver son père, Paul décide de prendre part à une équipée scientifique avec Step. C'est là que nous retrouvons notre héros et son ami à la carapace rouge.

Icar, alias Francard ou Franck Picard, avait déjà fait ses preuves dans les années 90 sur des séries Dargaud comme Fatum (2 albums) et Jeepster (3 albums). Plus récemment, il avait dessiné le premier tome (sans suite) de la série remarquée Anamorphose. Avec Terres lointaines, et le patronage du scénariste brésilien Léo, il devrait connaître un vrai succès de librairie. Dans un style plus réaliste et plus classique que ses premiers albums, il a pris un rythme de production qui devrait assurer une certaine longévité à la série.

Un père très recherché


Grâce aux pouvoirs de persuasion du Stepanerk, l'expédition archéologique de Paul parvient à traverser une rivière malgré la présence de pachydermes récalcitrants. Au bivouac, deux des quatre humains de l'équipe en mal de gymnastique nocturne se laissent surprendre par des plantes carnivores, mais finalement tout le monde parvient sain et sauf dans les ruines d'un grand village extra-terrestre.

Le problème, c'est que ce site est tout sauf hospitalier. Des créatures antipathiques sont cachées dans de vieilles bâtisses. Les débris énigmatiques d'un satellite humain pourraient expliquer le départ précipité des autochtones. Mais alors que la mission scientifique s'annonce des plus passionnantes, un motard chasseur de primes vient troubler la fête. Il annonce à Paul que son père est recherché par les autorités locales et qu'il serait bien inspiré de l'aider à le retrouver pour lui éviter de tomber en de moins bonnes mains.

Pour retrouver son père, Paul est prêt à tout. Même à se séparer du Stepanerk, ce qui, sur une planète plutôt hostile, n'est pas une très bonne idée...

Un nouveau monde cruel


Le premier album commençait par un voyage spatial, une arrivée et les égarements d'une famille éclatée dans une métropole inconnue. Il était urbain à tendance sociale. Le second album retrouve la fibre écosystémique et le goût pour les natures imaginaires de Léo. Nous sommes désormais en pleine nature sauvage ou dans un environnement champêtre à peine dompté (un banc d'algues à perles). Léo peut donner libre cours à son inspiration sur la rencontre avec des animaux et des plantes peu recommandables. Dans des décors en apparence paisibles (une rivière, un village, une île d'algues), le personnage principal est sans cesse confronté à la découverte de créatures hostiles. Quand il ne s'agit pas d'humains...

La planète regorge de dangereux pièges. La société locale aussi. Les humains sont violents, faibles, imprévisibles et quand ils s'associent (Paul et Hank le chasseur de primes, par exemple), c'est uniquement par intérêt et de façon temporaire. Seul le Stepanerk, homard humain, qui faisait la couverture du premier tome, paraît fiable et désintéressé. Paul a perdu le contact avec sa famille (sa mère et sa sœur) et il apprend que son père, honorable colon, lui non plus, n'est peut-être pas aussi net et estimable qu'il voulait le croire. Le parcours initiatique de Paul n'est donc pas de tout repos et Altaïr-3, qui est loin d'être un monde très sympathique, apparaît comme un rite de passage réservé aux gros durs. Mais voilà, Paul est un non-violent. Il refuse de se battre et il refuse de se laisser enfermer dans un rôle social (archéologue, chasseur de perles). Ça va coincer... Heureusement que les substituts du père (Stepanerk, Hank) sont un peu là pour l'aider.

Découpage classique. Plans, angles de vue classiques. Traitement classique des couleurs. Dessin réaliste classique. Icar, qui signe les dessins et les couleurs, n'a pas voulu prendre de risque (en tout cas, moins que sur ses premiers albums). On note que les paysages et les animaux sont très réussis. Les visages le sont moins. Le visage du héros est un peu lisse. Il oscille entre triangle aigu et ovoïde. Le visage de l'archéologue est instable et mal défini. Le visage du cow-boy violent dans la montgolfière est celui d'un enfant à moustache. Les expressions sont figées. Le crayonnage multi-traits intempestif constaté antérieurement a cependant tendance à disparaître, au profit de la couleur. Il y a donc un progrès. Preuve que le dessin d'Icar se bonifie. Ce traitement des visages est, du reste, le seul reproche qu'on peut faire au dessin, qui, bien que réaliste, conserve une certaine élégance et une réelle fraîcheur, reflet de la candeur du héros.

La série tient les promesses du premier album. On attend de revoir un peu plus la famille de Paul et surtout Step, qui fait un peu figure du superhéros solaire, dans cet univers graphiquement lisse, mais moralement impitoyable.

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