L’auteur
Jean-Claude Mourlevat est un écrivain français qui se consacre à l’écriture à partir de 1997 après avoir brièvement été professeur d’allemand, comédien et metteur en scène pour des pièces de Brecht, Cocteau et Shakespeare. Il écrit d’abord des contes, puis son premier roman La Balafre, auxquels ont succédé depuis de grands succès tels que Le Chagrin du Roi Mort et Le Combat d’Hiver, ce dernier primé à vingt reprises.
« De l’autre côté »
Anne Collodi, dix-sept ans, fait de l’auto-stop. Le vieux M. Virgil, sur une route de campagne, l’accueille dans sa Peugeot ; elle lui rappelle sa petite-fille Loïse et il pleut à verse. Il est clair que la jeune fille est différente des autres. Mystérieuse et vive d’esprit, elle est à la recherche de sa sœur, disparue depuis un an. Tout semble à croire que cette dernière se trouve à Campagne, endroit qui semble s’effacer lorsque M. Virgil cherche à le retrouver…
Effectivement, après avoir reçu un fragment d’appel au secours de sa grande sœur Gabrielle, Anne se lance à sa recherche et passe de « l’autre côté ». Elle atterrit dans un monde parallèle où les gens ne respirent pas, ne pleurent pas, ne rient pas. Un ailleurs dépourvu d’humanité où les Terriens sont proscrits. Les seuls admis sont les jeunes femmes, les « capturées », livrées à des hommes puissants.
Anne, déterminée à arracher sa sœur aux griffes de ce monde silencieux, déploiera tous ses efforts et appellera des alliés chers, qui la soutiendront au péril de leur vie…
Une histoire haletante
Il s’agit d’un roman agréable, enrichi de flash-back, qui possède de nombreuses facettes. Le rythme du début, lent, paisible, les dialogues entre M. Virgil et Anne, est assez trompeur. Tout paraît « normal », jusqu’à ce qu’Anne se rende à Campagne et nous transmette son point de vue.
C’est la découverte de la population qui peuple ce nouveau monde. Il y a beaucoup d’originalité (la respiration non indispensable, les Terriens rejetés, mourir d’ennui au sens littéral…), d’idées en concordance avec cette singularité (les hybrides fascinés par les Terriens, leur souffle les rendant euphorique), des scènes amusantes et légères lorsqu’il s’agit par exemple de la nourriture humaine et des comprimés « antinausée ». Dès la perte du premier allié, l’histoire prend alors un nouveau tournant et une atmosphère neuve.
Anne se retrouve temporairement seule, camouflée et toujours en fuite, avant de rencontrer un nouveau protagoniste. L’arrivée de ce dernier, précédemment annoncée par des changements de point de vue, donnait déjà au roman une ambiance différente. A partir de cet instant, commence réellement la « quête », les « vrais » plans qui auront des répercussions sur la suite.
S’enchaînent alors de nombreux plans d’action qui permettront de sauver Gabrielle. Nous assistons à une belle fin, qui s’achève sur une note énigmatique.
C’est un très bon livre, qui confirme la qualité des autres œuvres de Jean-Claude Mourlevat et qui rend justice à ses talents d’auteur.