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Thoan - Les secrets du jeu de rôle de la Saga des Hommes-Dieux
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Thoan - Les secrets du jeu de rôle de la Saga des Hommes-Dieux

A l'occasion du lancement de la campagne de financement participatif de THOAN, Stéphane Arnier revient sur ce projet de jeu de rôle de la Saga des Hommes-Dieux, d'après Philip José Farmer.

Actusf : Est-ce que vous pouvez nous présenter le projet ? Comment est né ce jeu de rôle THOAN ?

Stéphane Arnier : C’est une histoire dont l’origine remonte à plus de vingt ans ! Philip José Farmer a publié sa célèbre Saga des Hommes-Dieux entre 1965 et 1993, et l’éditeur Jeux Descartes a publié un premier jeu de rôle THOAN en 1995 (un jeu de Léonidas et Orso Vesperini). Je l’adorais, et avec plusieurs autres fans nous avons monté en 2000 l’association Les Faiseurs d’Univers pour le soutenir. Nous étions présents sur beaucoup de gros salons de jeu de rôle, et avons publié en amateurs suppléments et fanzines. Et puis, le temps a passé.
Ces dernières années, les éditions Mnémos ont réédité plusieurs œuvres de Farmer, dont une superbe intégrale de la Saga des Hommes-Dieux. Et comme Frédéric Weil (le fondateur de Mnémos) est un passionné et créateur de jeu de rôle, l’idée est née d’imaginer une nouvelle adaptation ludique de la saga. Il en a parlé à Léonidas Vesperini, qui en a parlé à un ancien membre de l’association… et quelques coups de fil plus tard, une petite équipe se montait. « Et voilà ».

Actusf : THOAN, de quoi ça parle ? Quel est l’univers qui sert de décor au jeu ?

Stéphane Arnier : Il s’agit en vérité d’un multivers. Il y a une trentaine de millénaires, les Thoans ont développé une science si incroyable qu’ils pouvaient fabriquer des mondes de toutes pièces. Ils ont ainsi créé la Terre (et les terriens à leur image), ainsi qu’un millier d’autres univers… et se sont évidemment querellés entre eux pour leur contrôle. Dans ce jeu de rôle, les joueurs incarnent ces Thoans – des « Hommes-Dieux » pour reprendre le terme de Farmer – qui luttent pour la possession des plus beaux mondes et la science extraordinaire des anciens. Les joueurs ont donc en main des personnages atypiques, dotés d’une jeunesse éternelle. On joue leurs dilemmes face à ces pouvoirs de démiurges, leur psychologie dépassée par une existence si longue, ou encore leurs luttes intestines guidées par leur ego. Les aventures peuvent se dérouler dans n’importe lequel des milles mondes thoans (chaque scénario ou campagne est lié à un monde spécifique). Le jeu propose plusieurs mondes issus des romans de Farmer, prêts à jouer, mais les sources d’inspiration sont infinies ! Aventure et dépaysement garantis. À noter que, si on classe souvent la saga en science-fiction, le traitement de Farmer (et donc du jeu de rôle) tire volontiers du côté pulp et space opera.

Actusf : Dans les romans de Philip José Farmer, les Thoans sont plutôt les méchants de l’histoire, non ? Comment on adapte ça en jeu de rôle ?

Stéphane Arnier : Oui, Farmer a surtout utilisé les Seigneurs comme les antagonistes de ses histoires : des individus dotés de connaissances qui les dépassent, corrompus par le pouvoir, des dieux mauvais et décadents que les héros (comme Kickaha le simple terrien) cherchaient à renverser. Néanmoins, il a aussi montré qu’il s’agissait d’un peuple très hétérogène. Des individualités. Les personnages de Jadawin et Anania, autrefois mauvais, suivent dans les romans une trajectoire de rédemption. Les personnages de Luvah ou Manathu Vorcyon, eux, sont montrés comme loyaux et honnêtes tout du long. La seule constante est que les Thoans sont des humains qui se prennent pour des dieux. La notion d’ego est importante dans le jeu… mais les personnages ne sont pas forcément mauvais. Ils peuvent l’être, bien sûr ! Si tout le monde à la table de jeu est d’accord avec cela, THOAN permet ainsi d’incarner des personnages complexes et matures, avec des relations familiales dysfonctionnelles, où les passions sont des moteurs puissants (cela donne un côté « drame shakespearien » à l’échelle cosmique). Le jeu offre des outils au meneur de jeu pour cela et le système s’y prête bien.

Actusf : Au niveau du système de jeu, justement : pourquoi avoir choisi d’adapter les règles d’Abstract Donjon pour THOAN ?

Stéphane Arnier : En premier lieu, c’est un système qui laisse la part belle à la narration, et cela nous semblait très adapté à un jeu basé sur des romans. C’est un système qui redonne les rênes des personnages aux joueurs. La réussite des actions n’est pas liée à la chance aux dés, et ce sont les choix tactiques et les descriptions qui sont au premier plan. On a vraiment un sentiment de contrôle quand on joue avec ce système, et ça colle parfaitement à l’état d’esprit des Seigneurs thoans : vous faites, ou vous ne faites pas. Vous réfléchissez, prenez des décisions qui auront un impact sur la suite. Vous souhaitez agir à l’encontre d’un autre personnage-joueur ? Cela vous coûte des dés (ce qui est préjudiciable à long terme) : une excellente raison pour les personnages de se tolérer tant qu’ils ne sont pas obligés de faire autrement. En second lieu, c’est un système d’une extrême souplesse, capable de s’adapter à toutes les étrangetés des mondes thoans (y compris celles que les meneurs de jeu voudront inventer à la volée lors de leurs parties). Vous voulez improviser une énorme créature de la taille d’un immeuble avec dix paires de bras ? Vous n’avez pas besoin de déterminer une flopée de stats précises, et en un clin d’œil vous pouvez la mettre en scène de façon spectaculaire. Avec Franck Plasse (l’un des XII Singes), nous avons cherché à faire ressortir la personnalité thoanne tout en conservant l’élégant équilibre mathématique des règles originelles d’Abstract Donjon. Je suis sûr qu’après quelques séances, les meneurs de jeu comprendront à quel point l’ensemble est adapté à ce multivers et aux histoires qu’ils vont y raconter.

Actusf : Quelle est l’équipe à qui l’ont doit THOAN ?

Stéphane Arnier : Au niveau écriture, THOAN est le fruit d’une petite équipe issue de l’ancienne association des Faiseurs d’Univers (autrement dit, des fans absolus) : j’ai pris en charge une large partie de la rédaction, et coordonné la participation de mes deux comparses Cyril Pasteau (une figure bien connue du jeu de rôle français) et Nicolas Maillet (qui a créé et édité en 2008 un jeu de cartes inspiré de l’univers de Thoan). Ce sont des amis de plus de vingt ans, et nous avons beaucoup pensé à tous les autres « thoannautes » de l’association !
Aux illustrations, on retrouve le talentueux et bien connu Dogan Otzel (citons par exemple son travail sur Tschaï, retour sur la planète de l'aventure d’après Le Cycle de Tschaï de Jack Vance).
À l’édition, le projet bénéficie d’un duo de choc : l’association sous le label LudiKa des éditions Mnémos et les XII Singes, avec leurs savoir-faire respectifs.
Et puis, nous devons bien un coucou à Léonidas Vesperini (auteur du premier jeu de rôle THOAN en 1995, dirigeant de Mythic Games, figure reconnue du milieu ludique français) qui nous a apporté un soutien inconditionnel. Que de chemin parcouru depuis l’époque où nous jouions ensemble lors des salons et festivals, il y a vingt ans ! Une belle histoire humaine et collective ; un jeu de passionnés. On espère que ça se ressentira à la lecture et lors des parties.

La porte s'ouvre le 23 juin sur Game On Tabletop.

©Dogan Oztel

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