Terry Pratchett fait le bonheur de ses lecteurs (et de ses éditeurs) depuis maintenant quinze ans avec son cycle des Annales du Disque-Monde. Un cycle de fantasy humoristique et génial qui vient d'atteindre les trente-deux volumes, chacun pouvant se lire indépendamment. Et ce grand bonheur aurait pu continuer encore longtemps si une fâcheuse nouvelle n'était tombée il y a quelques mois. La soixantaine passée, Terry Pratchett est atteint désormais de la maladie d'Alzheimer. Un diagnostic qui hypothèque évidemment la suite de sa carrière, rendant chacune de ses nouveautés encore plus précieuses.
Vive la poste !
Moite von Lipwig est un malfrat de la pire espèce. Un arnaqueur de première, falsificateur de renom, magouilleur de génie... dont l'ascension prend un sacré coup le jour où il est arrêté et condamné à mort. Mais alors qu'il a bien senti la corde se serrer autour de son cou lors de son exécution publique, il se réveille dans le bureau du seigneur Vétérini qui lui fait une offre qu'on ne refuse pas : devenir ministre des postes (et en cas de refus, c'est le vol plané du haut d'une tour du palais qui l'attend). Évidemment il y a un piège. Le service postal est dans un état de profond délabrement. Les citoyens préfèrent largement les sémaphores (qu'on appelle les clic-clac) qui permettent d'acheminer des messages beaucoup plus rapidement sur les longues distances. Mais la compagnie interurbaine des clic-clac est détenue par d'ignobles financiers pour qui les notions de service public, de qualité et de respect du client sont plus que vagues. Il fallait bien un embrouilleur de ce calibre pour leur tenir tête et relancer la Poste...
Moins drôle, plus féroce ?
Après avoir longtemps exploré le Guet ou bien encore l'Académie de magie, Terry Pratchett nous offre une plongée dans une autre institution d'Ankh-Morpork : la Poste. Une institution, on l'a dit, en pleine déliquescence et qui a le parfum de l'humour pratchetien avec de l'absurde à tous les étages, une petite dose de poésie et des personnages totalement déjantés (on conseillera notamment le vieillard Liard qui n'a jamais pu aller au-delà du statut de "Préposé novice" pour cause de mort subite de tous ses supérieurs, ou bien Yves le jeune assistant féru d'épingles de collection, ou le Golem moralisateur qui suit le héros partout où il va pour être sûr qu'il s'acquitte bien de sa tâche). Une galerie de héros aussi savoureuse que les bizarreries du bâtiment de la Poste avec ces milliers de lettres entassées qui hantent littéralement Moite et les derniers postiers pour être distribuées.
Ici pas de surprise, on est bien au cœur d'un roman des Annales du Disque- Monde. Mais Timbré confirme également une tendance déjà entrevue dans les derniers volumes. Derrière son humour, Pratchett est féroce et n'hésite pas à donner quelques coups de canifs sur des sujets qui le révoltent. Même si son héros est un escroc, la figure du méchant est belle et bien celle du patron des sémaphores qui ne jure que par le profit immédiat sans s'occuper de l'humain. Une critique sociale à laquelle on adhérera ou pas mais qui donne une dimension supplémentaire à ce roman. Au final, c'est peut-être un rien moins drôle, mais c'est aussi un peu plus intéressant. Car Pratchett a des choses à dire. C'est loin d'être une surprise mais c'est toujours aussi bon.
Vive la poste !
Moite von Lipwig est un malfrat de la pire espèce. Un arnaqueur de première, falsificateur de renom, magouilleur de génie... dont l'ascension prend un sacré coup le jour où il est arrêté et condamné à mort. Mais alors qu'il a bien senti la corde se serrer autour de son cou lors de son exécution publique, il se réveille dans le bureau du seigneur Vétérini qui lui fait une offre qu'on ne refuse pas : devenir ministre des postes (et en cas de refus, c'est le vol plané du haut d'une tour du palais qui l'attend). Évidemment il y a un piège. Le service postal est dans un état de profond délabrement. Les citoyens préfèrent largement les sémaphores (qu'on appelle les clic-clac) qui permettent d'acheminer des messages beaucoup plus rapidement sur les longues distances. Mais la compagnie interurbaine des clic-clac est détenue par d'ignobles financiers pour qui les notions de service public, de qualité et de respect du client sont plus que vagues. Il fallait bien un embrouilleur de ce calibre pour leur tenir tête et relancer la Poste...
Moins drôle, plus féroce ?
Après avoir longtemps exploré le Guet ou bien encore l'Académie de magie, Terry Pratchett nous offre une plongée dans une autre institution d'Ankh-Morpork : la Poste. Une institution, on l'a dit, en pleine déliquescence et qui a le parfum de l'humour pratchetien avec de l'absurde à tous les étages, une petite dose de poésie et des personnages totalement déjantés (on conseillera notamment le vieillard Liard qui n'a jamais pu aller au-delà du statut de "Préposé novice" pour cause de mort subite de tous ses supérieurs, ou bien Yves le jeune assistant féru d'épingles de collection, ou le Golem moralisateur qui suit le héros partout où il va pour être sûr qu'il s'acquitte bien de sa tâche). Une galerie de héros aussi savoureuse que les bizarreries du bâtiment de la Poste avec ces milliers de lettres entassées qui hantent littéralement Moite et les derniers postiers pour être distribuées.
Ici pas de surprise, on est bien au cœur d'un roman des Annales du Disque- Monde. Mais Timbré confirme également une tendance déjà entrevue dans les derniers volumes. Derrière son humour, Pratchett est féroce et n'hésite pas à donner quelques coups de canifs sur des sujets qui le révoltent. Même si son héros est un escroc, la figure du méchant est belle et bien celle du patron des sémaphores qui ne jure que par le profit immédiat sans s'occuper de l'humain. Une critique sociale à laquelle on adhérera ou pas mais qui donne une dimension supplémentaire à ce roman. Au final, c'est peut-être un rien moins drôle, mais c'est aussi un peu plus intéressant. Car Pratchett a des choses à dire. C'est loin d'être une surprise mais c'est toujours aussi bon.