Trois bonnes raisons de regarder IO sur Netflix
Sur Netflix, en matière d’imaginaire, il y a un peu de tout côté films. Peu de grands films « connus » et pas mal de productions de la plateforme. Et beaucoup dont on se passerait bien.
La plupart du temps, le casting est de choix, l’idée plutôt avenante, il y a de l’argent et ça se voit. Le problème c’est que l’idée de départ n’est pas suivie de rebondissements intéressants, ou alors tout est dans les premières images. Le passé des personnages est lâché en cours de route, l’idée assez originale du départ pas très bien exploitée et on oublie assez vite de quoi il retourne.
Quelques exceptions : I am Mother même si la fin n’est pas à la hauteur du reste, mais il y a Hilary Swank ou Bird box, une vraie bonne surprise avec Sandra Bullock.
Toutefois, il y a un film qui sort un peu des sentiers battus. IO. Attention, le film a été très critiqué et peu encensé. Je ne peux que vous enjoindre à découvrir Sam et Micah. Mais si vous voulez de la SF avec plein d’aliens, de vaisseaux et de bagarres, oubliez-les !
Margaret Qualley a quitté The Leftovers, au moins momentanément pour rencontrer Anthony Mackie (Altered Carbon), décidément un très bel et bon acteur, sous la houlette de Jonathan Helpert, réalisateur français quasi inconnu.
De quoi ça parle ?
Dans un futur proche, un cataclysme a rendu l’atmosphère terrestre irrespirable pour les êtres humains. Sam, une des dernières survivantes, se bat pour trouver un moyen de respirer à nouveau et sauver l’humanité qui a fui vers une colonie lointaine dans l’espace, IO. Mais sa détermination est mise à rude épreuve lorsqu’elle fait la rencontre de Micah, un autre survivant au passé douloureux. Elle va devoir décider entre prendre la dernière navette qui décolle bientôt pour cette colonie, ou alors, rester seule, à ses risques et périls, pour la survie de la planète Terre.
Un choix difficile
IO est l’histoire d’un choix.
Certes, le film est un peu lent, assez intimiste et pourtant, c’est l’analyse d’une détermination mise à mal plutôt bien faite. Sam est jeune. Il semble qu’elle n’ait pas connu « l’avant ». Mais elle choisit la Terre pour survivre. Au début… Après, alors qu’elle s’acharne à lutter contre un air irrespirable par endroits, à produire son énergie contre grands vents, et à cultiver ses tomates, l’arrivée de Micah et de son passé qu’il dévoile difficilement et avec émotion, font bouger les choses. Peu de dialogues, mais beaucoup de thèmes abordés : la solitude, le combat pour ce qu’on croit, la fidélité au père, l’art comme ultime secours, la survie, l’espoir… C’est ce qui m’a séduite.
Sans connaitre le réalisateur, on sent qu’il a quelques références. Revoyez Soleil Vert ou lisez Walden ou la Vie dans les bois de Henry David Thoreau (Merci Kirstendall). Le père de l’héroïne s’appelle Henry Walden. Est-ce un hasard ?
Une photo remarquable
Il y a quelques scènes en ville et pas mal hors de celle-ci. Il y a l’ammoniac de la cité perdue, et l’air presque libre de la campagne. Il y a aussi toute l’affection du réalisateur pour son héroïne. Et tout cela donne une photo absolument magnifique. Il faut voir la nuit crasseuse des restes de civilisation et la beauté de la liberté des champs. C’est très poétique.
Il y a peu d’effets spéciaux. L’actrice est assez lumineuse pour presque s’en passer. Elle résume l’humanité, s’en fait le support d’un bien lourd fardeau. L’angoisse qui monte, parce que le temps compte, parce que les ressources diminuent, est due en partie à cette façon de filmer à fleur de visage ou de murs lépreux.
Des lendemains désenchantés ou pas
Il faut reconnaitre que le film est parfois longuet, qu’il n’apporte pas énormément de choses neuves. Certains ont vu dans la rencontre des deux personnages peu d’étoiles dans leurs yeux. Un comble au moment du départ vers l’ailleurs. Je crois que c’est ce qui fait le charme de cette rencontre justement. Pas prévue. Presque incroyable. Pour Sam, probablement le bon moment dans un mauvais passage de sa vie de quasi recluse. Et la question : a-t-elle prévu dès la départ ce qui se passe à la fin ? J’aime cette interrogation. J’aime savoir que par les temps affreux que nous traversons il y a sans doute une porte de sortie.
Une alerte qui dit son nom, des dérives annoncées, une prise de conscience bien trempée, prenons notre destin en mains…