Superluminal est un roman vif qui pose une question aussi vieille que la science-fiction : qu’y-a-t-il au-delà du ciel et comment y accéder ?
Vonda McIntyre est une autrice américaine de science-fiction malheureusement décédée en 2019. Passionnée d’espace et de sciences, elle a notamment écrit les novélisations de différents films bien connus comme Star Wars et Star Trek. Ses romans indépendants connaissent aussi un franc succès et elle est détentrice du prix Locus, du prix Nebula et du prix Hugo pour différents romans. Superluminal a été publié pour la première fois en 1986 et est réédité aujourd’hui aux Éditions Mnémos. Déjà une bonne raison de découvrir ou redécouvrir ce texte qui inspire et influence encore beaucoup d’auteurs et d’autrices de space opera aujourd’hui !
Désormais, l’humanité peut mener des vaisseaux au-delà de la vitesse de la lumière. Afin de rejoindre le prestigieux corps des pilotes interstellaires, Laenea n’hésite pas à sacrifier son cœur humain pour une machine sophistiquée. Mais pour aller encore plus loin, vers de nouveaux mondes distants ou d’autres dimensions, devra-t-elle renoncer à tout jamais à sa nature humaine ou pire, à aimer ?
3, 2, 1… Décollage vers les étoiles et vers ces trois bonnes raisons de lire Superluminal de Vonda N. McIntyre :
L’ouverture d’une nouvelle collection chez Mnémos et une édition augmentée par l’éditeur
Superluminal est un texte des années 80 qui résonne encore aujourd’hui que ce soit par son style ou par les thèmes qu’il aborde. Si je n’avais pas su en ouvrant le roman que le texte datait des années 80, je ne m’en serais pas rendu compte, car comme pour d’autres auteurs qui ont su traverser les époques — je pense à Frank Herbert par exemple — le style ne détonne pas du tout avec les publications d’imaginaire contemporaines, au contraire.
Pour rendre hommage à ce texte très actuel et à cette autrice, Mnémos n’a donc pas fait les choses à moitié et offre aux lecteurs une version augmentée du texte. L’histoire de Superluminal reste intacte évidemment, la traduction a seulement été révisée par Daniel Lemoine, mais l’éditeur a ajouté ici et là des notes de bas de page qui permettent de plonger plus loin dans le roman. Chaque petite note nous souligne un passage important dans l’évolution de la science-fiction, une idée novatrice pour l’époque, ou encore un point intéressant à rapporter à notre monde actuel.
Le livre commence sur une préface de Olivier Bérenval qui nous emmène dans la réalité de l’autrice et dans l’univers qu’elle a créé. En annexe du récit, on peut également lire une interview inédite de Vonda McIntyre. Il est vrai que les préfaces, postfaces, et autres analyses parfois ajoutées dans les romans ne font pas l’unanimité et beaucoup d’entre nous les sautent pour passer au plus intéressant : l’histoire. Mais ici, Mnémos a réussi à faire en sorte que ces « bonus » soient un prolongement de l’univers de Superluminal et qu’ils nous permettent de rester plus longtemps dans l’ambiance du récit, même après la dernière ligne.
Superluminal a aussi l’honneur d’ouvrir une nouvelle collection chez Mnémos consacrée à l’espace : la collection Stellaire. Avec un début comme ça, c’est une collection que les fans de space opera suivront sûrement avec assiduité.
Des thèmes qui résonnent toujours aujourd’hui
Un des aspects de Superluminal qui m’a le plus surprise est la tolérance et l’acceptation des différences dont font preuve l’autrice et tous les personnages à travers le roman. Les principaux protagonistes viennent tous de planètes ou d’environnements différents avec des coutumes, une histoire, des croyances et une apparence différentes. Face à cela, il y a malheureusement toujours des romans aujourd’hui qui vont pointer ces différences, en faire des arguments contre le progrès, etc. Ici c’est tout le contraire. Vonda McIntyre imagine une société où la différence ethnique est la norme.
Laena est une terrienne tout ce qu’il y a de plus normale, jusqu’à ce qu’on lui retire son cœur pour faire d’elle une pilote. Mais les modifications corporelles ne sont ni diabolisées ni mises sur un piédestal. Elles existent simplement et font partie intégrante de ce futur. Orca par exemple, est issue d’un peuple terrien mais vivant sous l’eau : les plongeurs. Les optimisations et modifications corporelles au nom de l’évolution sont normales pour elle. Au lieu de mettre ces pratiques en opposition avec la culture de Radu par exemple, qui vient d’une planète encore primitive et éloignée du système terrestre tant par la distance que par les mœurs, Vonda McIntyre a décidé de les placer en miroir. Lorsque Radu rencontre Orca et ses mains palmées, il n’a pas peur, il ne la ridiculise pas pour se sentir supérieur, au contraire, il tente de comprendre, il est ouvert à la réalité de la jeune fille et à sa différence sans que cela ne change leur relation. Une attitude qu’on s’attend plus à retrouver aujourd’hui que dans un texte du début du space opera.
Ici, on ne parle pas encore d’aliens à proprement parler ou de société interespèces comme on peut les imaginer aujourd’hui en science-fiction, mais on découvre d’autres formes d’humanités comme chez Becky Chambers ou dans Mermère de Hugo Verlomme.
Une épopée interstellaire qui fait entrer dans une dimension inconnue
Vous l’aurez compris, Superluminal résonne à beaucoup de niveaux avec la littérature et les questionnements de notre société actuelle. C'est également le cas sur la réflexion technologique et scientifique. Ayant fait des études de biologie et de génétique, l’autrice sait de quoi elle parle, ou peut en tout cas, s’inspirer de la réalité pour imaginer son monde futuriste.
Beaucoup de choses y sont utopiques, il faut le reconnaître, mais le futur de Vonda McIntyre donne une nouvelle vision de la science. Et si l’on était déjà au maximum du progrès technique et technologique qui nous est accessible ? Et si ce n’étaient pas les machines de plus en plus perfectionnées qui nous permettraient de voyager entre les étoiles mais simplement notre corps ? Et si, au lieu de continuer à perfectionner la technologie autour de nous, nous nous concentrions sur la compréhension de notre corps, de nos capacités physiques et de notre environnement ?
Les vaisseaux et autres installations médicales présentées dans Superluminal ne paraissent pas si éloignés de ce qui se fait déjà aujourd’hui. Ce qui est différent en revanche, c’est le degré de contrôle corporel que possèdent les personnages. Leyna et Orca, savent ralentir leur cœur, comprendre leur fonctionnement interne pour s’adapter aux profondeurs marines et spatiales. Les pilotes eux, et Radu, ont entraîné leur esprit à s’ouvrir à d’autres dimensions, à sortir de l’univers connu et compréhensible pour pouvoir voyager à vitesse supraluminique. C’est ce qu’ils appellent, le Flux. Cet état que seuls les pilotes peuvent percevoir. Et pourtant personne ne veut le décrire. Pourquoi ? Que voient-ils lorsque le reste de l’équipage se met en état de stase ? À vous de le découvrir en lisant Superluminal de Vonda M. McIntyre.