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Trois raisons de lire : Vongozero de Yana Vagner
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Trois raisons de lire : Vongozero de Yana Vagner

Rencontrer Yana Vagner, l’autrice de « Vongozero » c’est faire la connaissance d’une autrice russe, belle, qui parle un anglais magnifique et… qui aime le bon vin rouge français.

Voici trois bonnes raisons de lire son roman :

L’histoire vient nous saisir par les tripes sans qu’on ait un seul moment imaginé se faire remuer comme ça. Yana explique qu’un jour en regardant un film avec son mari et son fils, ils se sont posé la question suivante : où irions-nous si demain c’était l’apocalypse ? Alors il n’y pas vraiment de politique dans Vongozero. Il n’y a pas non plus une description minutieuse de ce virus qui emporte la Terre. En ces temps de confinement et de peur mondiale, je vous propose de suivre les aventuriers de la route de Yana car ils sont vous et moi. C’est ça qui fait d’abord le tour de force de ce livre.

Suivre Anna et Sergueï c’est surtout accompagner Anna. Elle dit « Je ». Elle avance. Elle veut sauver son mec et son fils. Elle veut se tirer loin de la mort qui a envahi Moscou. Elle traverse les villages hébétés par la maladie. Elle remorque les autres, même l’ex-femme de son homme. C’est une femme mais elle représente « les » femmes, leurs forces, leurs faiblesses, leur besoin de croire aux mieux, plus loin, elle prend les mauvaises décisions mais s’en fiche et repart.

Suivre Anna, c’est accepter avec elle de s’occuper des autres : des enfants des autres, des femmes qui font partie de son petit groupe, qu’elle n’a pas choisies, qu’elle n’aime pas mais qu’elle supporte parce qu’il faut aller de l’avant, vers cet endroit qu’on croit vierge de toute contamination. C’est l’immersion dans sa tête, ses bouffées d’amour alors que tout bascule et qu’elle ne sait pas s’ils vont vivre, ne pas mourir de froid, dormir tranquille, manger, trouver de l’essence demain ou simplement une cigarette. C’est sentir avec elle tantôt l’horreur dehors,  tantôt le réconfort des êtres qui voyagent ensemble.

Suivre Anna c’est intégrer le drame dans l’Histoire d’un peuple, d’une nation, d’un continent, d’un monde ( ?) en ayant les yeux dans la petite histoire. Et c’est ça qui nous tord les boyaux et qui nous pousse à dire à nos amis pendant qu’on lit cet ouvrage : « tu sais mon Anna, elle en chie, mais son histoire, à son échelle, c’est toute la force d’un Monde. »

J’aime Vongozero pour ces trois raisons, mais surtout parce que c’est l’histoire d’une survie au féminin, parce que c’est un roman de peur confrontée à la force, de morts intimes et de mourants inconnus, parce qu’on y croit, et parce qu’on se pose aussi la question. En ce début d’enfermement, avec qui et comment partirions-nous si tout s’effondrait vraiment ?

« Une fois parvenue à l’extrémité de la passerelle, je cherchai un bon moment à distinguer la rive opposée du lac, une fine bande sombre à l’horizon, mais je ne vis rien, hormis une obscurité épaisse, glaciale, infinie… Une neige lourde et épaisse se mit alors à tomber du firmament, formant un mur compact, infranchissable, qui nous séparait aussi bien du lac gelé, de la berge invisible que du reste du monde. » Extrait de Vongozero

Mais ça c’est une autre histoire !

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