Heureusement, des contrôles assurent qu'il ne soit pas possible que n'importe qui demande n'importe quoi. Pas question de connaître la fidélité de son conjoint ni, pour les enfants, d'accéder à des images choquantes.
Pourtant, un jour, un Logique est né différent - appelons-le Joe. Conscient, ambitieux... et décidé à offrir à l'humanité le meilleur de ce que la logique puisse offrir. Désormais, toutes les informations sont disponibles... depuis le montant du compte en banque du voisin jusqu'au meilleur moyen de s'enrichir ou de tuer sa femme si elle est blonde.
Comment le monde pourrait-il résister à cela ? Quelles idées folles germeront dans l'esprit des hommes ?
Incroyablement prophétique !
Depuis notre XXIe siècle informatisé et connecté, ce court texte peut provoquer diverses réactions : l'amusement, au départ, devant cette tentative tellement datée de présenter un futur où l'information circule, coule à flots depuis les serveurs jusqu'au domicile de chacun. Les mots utilisés, les techniques sont archaïques et désuètes.
Ensuite, il y a la stupeur. Murray Lainster écrit cette nouvelle en 1946. À peine trois ans plus tôt, le président d'IBM assurait qu'« il y a un marché mondial pour environ cinq ordinateurs ». Nous étions alors loin d'Internet, des PCs, des tablettes et de la 3G. Rien ne pouvait laisser prévoir que nous serions un jour connectés à des milliards d'informations, assis derrière notre bureau, ou que des myriades de chaînes de télévision transiteraient par le Net.
Puis il y a l'inquiétude. Car si le monde avant Joe est idyllique, paisible et gentil, ce qui se passe après l'éveil de la machine est un cauchemar. Toute la civilisation vacille, au bord du gouffre créé par ses propres démons : appât du gain, rancœur, désir, jalousie... autant de portes ouvertes vers notre propre fin, que l'auteur explore par flashes pertinents et terrifiants. Un enfer issu d'un monde tellement semblable au nôtre !
Ce court récit est important. Il démontre comment un bon auteur peut écrire des textes qui, si leur forme perd avec le temps de la crédibilité, gagnent parfois en pertinence, reflétant des temps futurs dans des miroirs cruels pour ceux qui les vivront.