Will Eisner fait partie des grands noms qui ont marqué la BD de leur passage. En sept décennies, cet auteur né en 1917 à New York a livré une pléthore de BD dont plusieurs chefs d’œuvres. On se souviendra de La Valse des alliances, Petits miracles ou bien encore Mon Dernier Jour au Vietnam. On se souviendra également qu’il a commencé comme publicitaire avant de fonder après guerre l’Américan Visuals Corporation. Un mouvement pour promouvoir la mise en scène du quotidien dans la BD. Mais surtout Will Eisner restera à tout jamais comme l’un des premiers à avoir fait du roman graphique, mélange de textes et de dessins pour des histoires tendres et sensibles illustrées avec ses pinceaux.

Un recueil de plusieurs récits

Sorti pour la première fois en France en 1982, Un Pacte avec Dieu rassemble plusieurs histoires dans le New York des années 30 cher à Will Eisner. Dans le premier récit éponyme, il met en scène un homme dépité après la mort de sa fille. Un drame qu’il juge d’autant plus injuste que quelques années auparavant il avait passé un pacte avec Dieu. Pour cet homme pieu c’est une rupture de contrat et il va prendre dès lors quelques libertés avec.

Ce récit vaguement fantastique vaut surtout par la sensibilité sans sensiblerie qui se dégage de la narration et du trait de Will Eisner. On sent à travers l’histoire de cet homme tout l’attachement de l’auteur aux gens du commun et toute sa tendresse pour cette ambiance entre misère et espoir.

Splendide !

Un véritable regard qui se retrouve dans les autres récits de l’album. Le monde d’Eisner y est pauvre, souvent cruel et sans complaisance mais aussi avec de l’humour et de la vitalité. Un monde sans doute perdu mais qui revit admirablement sous sa plume. Et au final, on a un véritable bonheur graphique et narratif sous les yeux. Voilà une autre manière de faire de la BD. Voilà surtout un album splendide. Qu’on ne s’y trompe pas. Will Eisner est un grand. Un Pacte avec Dieu en est la preuve, même vingt ans après sa sortie.