Si Elric et Conan sont des personnages indémodables de la fantasy, ils le sont aussi dans le monde des comics, la preuve avec ces nouveaux albums édités par Panini.

On va faire vite avec cette adaptation. Les dessins ne sont clairement pas à la hauteur de l'âme torturée du personnage de Michael Moorcock. Ils sont un peu trop plats, un peu trop colorés. Pour les représentations d'Elric, on s'attend toujours à un visuel très sombre pour rendre la force de cet antihéros totalement maudit. Là c'est clairement un échec. Dommage parce que la couverture est l'opposée de l'intérieur et elle assez réussie.
Pour l'histoire, on repassera aussi. On est en plein final, ce qui signifie que les batailles et autres affrontements sont légions. Ce n'est pas plus passionnant. Bref, en terme d'adaptations, on préfèrera conseiller celle qui vient d'être publiée par Glénat... Elric est le Champion éternel, ce qui ne veut pas dire que l'on peut en faire n'importe quoi...

Conan a lui aussi été adapté à toutes les sauces dans le monde du comics, au point qu'on est souvent très loin des récits d'Howard, son personnage principal excepté. Ici c'est pour une fois plutôt réussi. La présence de Brian Wood au scénario n'y est sans doute par étrangère. C'est l'auteur de plusieurs séries très abouties comme DMZ, The Massive, ou bien encore Northlanders qui a d'ailleurs plusieurs points commun avec cette Fureur sur la Frontière. Comme le héros de Northlanders, Conan rentre chez lui sur les terres sauvages de la Cimmérie et découvre un pays en proie à la terreur. Un sinistre personnage sème avec ses compagnons la mort sur son passage, tout en se faisant passer pour lui. Inacceptable évidemment pour notre guerrier qui a plutôt lui le coeur sur la main. La chasse à l'homme commence, doublée par un souci d'intégration pour celle qui l'accompagne. En son pays elle est une reine crainte et respectée. Dans celui de Conan, elle n'est qu'une étrangère qui a tout à prouver.
La dureté des paysages et le travail sur les visages rendent cette histoire assez agréable. Elle possède en outre assez de combats, d'amitiés déchirées et d'amour pour nous tenir sur la longueur. Une bonne pioche.

Avec ce gros album, on bascule dans l'Histoire du comics et des adaptations de Conan. Ici aussi on est loin des récits d'origine. Tout est en noir et blanc et l'on a une série d'aventures de Conan sans lien entre elles. Notre héros ressemble à un culturiste n'aimant pas trop les vêtements et attirant tous les ennuis du monde, depuis la horde de brigands jusqu'aux monstres les plus terrifiant. En général les populations locales sont bêtes à pleurer, promptes à se jeter dans les bras du premier tyran venu et les personnages féminins sont de jolis accessoires sans plus d'utilité. Pour autant tout n'est pas à jeter. D'abord parce que Conan n'est pas qu'une brute épaisse capable de vaincre n'importe qui. Ses capacités de déductions lui servent autant que ses muscles. Ensuite parce que les intrigues présentées révèlent aussi quelques belles surprises. Enfin parce que, s'ils sont datés, les dessins ne sont pas désagréables, avec souvent beaucoup de fluidité. Ils n'ont rien à envier à certains albums d'aujourd'hui, loin de là. Si vous avez envie de vous frotter à Conan, ces deux albums peuvent être une bonne idée. Moderne ou historique, il y a du plaisir à retirer de ces deux lectures...