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Une rapide histoire du Steampunk #1
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Une rapide histoire du Steampunk #1

Je vois beaucoup de discussions ici ou là autour des origines du Steampunk et je note qu’il y a encore beaucoup de confusions sur la naissance de ce mouvement (non, le Steampunk n’est pas né avec Jules Verne !). Je vous propose donc un petit retour en arrière à l’époque où tout à commencé, fin des années 70 et dans les années 80.

Trois étudiants entrent dans un bar

C’est fin des années 70, en plein période Cyberpunk que 3 jeunes étudiants californiens, qui allaient inventer toute une culture avaient l’habitude de se retrouver toutes les semaines pour boire des pichets de bières. Rien de plus normal quand on est à l’université! Ces trois jeunes gens (K.W. Jeter, Tim Powers et James Blaylock), considérés aujourd’hui comme les pères fondateurs, rêvaient d’être écrivain et c’est donc lors de leurs rencontres hebdomadaires qu’ils s’échangeaient leurs textes, espérant ainsi s’améliorer grâce à leurs retours de lectures mutuels. Rien ne prédestinait ces trois jeunes hommes à créer le monstre que le steampunk est devenu ! Et pourtant….

Jules Verne ? Non, le Roi Arthur !

A force de soumettre leurs textes aux maisons d’éditions, un éditeur contacte Jeter, Powers et un autre auteur Ray Nelson pour leur proposer une saga à propos de réincarnation du Roi Arthur à travers l’Histoire. Les trois écrivains se partagent le travail. Powers fera apparaître Arthur au siège de Sienne en 1529. Quant à Jeter, il se charge de l’Angleterre Victorienne pour faire revivre le fils d’Uther Pendragon.

Pour qu’Arthur évolue à Londres au 19eme siècle, il fallait à Jeter une solide base historique. Il ne s’est donc pas tourné vers des auteurs de fiction de l’époque comme Wells ou Verne mais vers un chroniqueur de la vie des bas fonds de la capitale britannique : Henry Mayhew, journaliste pour The Morning Chronicle, et en particulier ses reportages connus sous le nom London Labour and the London Poor.

Malheureusement, et comme cela arrive parfois, la maison d’édition décide de ne pas faire la série. Powers et Jeter se sont donc retrouvés avec leurs textes sur les bras. Mais impossible de se résoudre à mettre tout ce travail à la poubelle !

Sous l’impulsion de deux éditeurs différents, ils réécrivent entièrement leur roman. Powers recycle son récit qui deviendra The Drawing of the Dark puis se lancera ensuite dans l’écriture de Les Voies d’Anubis. Jeter de son côté fait une suite à La Machine à explorer le Temps de Wells, Morlock Night.

Powers confesse que c’est à partir de ce moment là qu’ils commencent entre eux à parler de Steampunk.

Avril 1987, l’avènement du Steampunk.

C’est cependant quelques années plus tard que le Steampunk fait son apparition officielle.

Bien sûr, plusieurs romans que nous pourrions qualifier de proto-steampunk existaient déjà comme La Machine à voyager dans l’espace de Christopher Priest en 1976 ou Les Chroniques d’Oswald Bastable de Michael Moorcock en 1971 mais voilà, il fallait bien fixer une date et ce fut en avril 1987 (Ne soyons pas villain, La Machine de Priest et Bastable sont clairement Steampunk!) !

Donc en avril 1987, Jeter écrit au magazine de Locus une lettre de réponse à une critique de son dernier roman Machines Infernales. Il ajoute à son courrier son livre Morlock Night pour mettre un terme au “clash” amical pour dire qui de Powers / Jeter / Blaylock a écrit le premier de façon historico-foutraque. Il enchaîne par cette phrase qui scellera le destin du Steampunk :

Je pense personnellement que les fantasies victoriennes vont être le prochain truc à la mode pourvu que nous puissions trouver un terme collectif collant à ce que nous écrivons Powers, Blaylock et moi-même”. Quelque chose basé sur la technologie de l’époque; Quelque chose comme “steampunk” peut-être”

Entre temps, Blaylock avait sortit le premier tome de sa série sur l’horrible Narbondo, The Digging Leviathan en 1984, puis le premier ouvrage de la série Langdon St Ives, Homunculus en 1986, considéré avec Les Voies d’Anubis et Machines Infernales comme l’un des trois romans fondateurs du Steampunk.

Et Jules Verne dans tout ça ?

Une croyance très répandue voudrait que Verne soit Steampunk alors qu'il n'en est rien. Les pères fondateurs ne se sont inspirés que tardivement les auteurs de SF et d'anticipation du XIXeme, en particulier Wells pour Morlock Night. Verne et consorts ont donc été raccroché un peu plus tard. Nous pouvons considérer ce bon vieux Jules comme le Grand Père du Steampunk ou que nous, vaporistes (Steampunks français), célébrons à juste titre son héritage et son influence sur notre culture.

Pourquoi donc ne pas considérer Verne comme Steampunk ?

Traçons mentalement une ligne qui va de droite à gauche. A droite le XIXeme siècle, à gauche notre époque actuelle. A droite donc, Verne à son époque qui, avec la technologie de son époque, va imaginer, extrapoler et produire ses récits extraordinaires. Si je schématise grossièrement, Verne est un auteur de science-fiction anticipative. De l’autre côté de notre ligne du temps, le Steampunk et ses auteurs, qui eux, sont bien ancrés dans le XXeme ou le XXIeme siècle et vont faire une relecture, vont réinventer, vont recycler l'esthétique du XIXeme siècle en y apportant de la fantasy, du fantastique ou une technologie totalement anachronique. Ils vont avoir cette vision rétrofuturiste que n’avaient pas les Wells et Verne.

La confusion qui ferait de Verne un auteur Steampunk vient probablement du fait que l’esthétique de ses inventions est similaire à celles créés par les auteurs récents et aussi par l'impact esthétique du Nautilus de 20 000 Lieues sous les mers de Disney,1954.

Et ensuite ?

Les fantasies deviendront-elles le prochain truc à la mode ? Nous le verrons dans un prochain article ;)

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