- le  

Urbi et Orbi

Valérie Mangin (Scénariste), Aleksa Gajic (Dessinateur, Coloriste)
Cycle/Série : 
Langue d'origine : Français
Aux éditions : 
Date de parution : 30/09/2002  -  bd
voir l'oeuvre
Commenter

Urbi et Orbi

Le monde de la Bande dessinée est encore essentiellement masculin, mais quasiment toutes les femmes qui apportent leur contribution à cet art brillent par leur finesse, leur sensibilité, leur intelligence, leur humour, en somme par leur talent. De la plus connue d'entre elle, Claire Bretécher, à qui l'on doit des albums comme Les Frustrés ou Agrippine, à Béatrice Tillier (Fée et tendres Automates, Vents d'Ouest), en passant par Marjan Satrapi (Persepolis, L'Association), pour n'en citer que trois, elles offrent toutes un réel plaisir au lecteur et des joyaux à la Bande dessinée. Valérie Mangin est l'une d'entre elles. Après de brillantes études d'histoire couronnées par une thèse, elle se lance dans la Bande dessinée aux côtés de son mari, Denis Bajram, (Universal War One, Delcourt), pour qui elle effectue de recherches sur les Huns et les Romains. De fil en aiguille, c'est elle qui finira par scénariser l'ensemble de la série Le Fléau des Dieux.

Aleksa Gajic est né en 1974 à Belgrade et réalise ses premières Bandes dessinées à seulement sept ans. Plus tard, il intègre l'Ecole des Arts appliqués de sa ville natale. Diplômé, il part pour la France avec sous le bras son album Technotise, réalisé afin de valider ses études, et fait la tournée des éditeurs. C'est en 1998, qu'il rencontre le couple Bajram-Mangin qui lui présente le projet du Fléau des Dieux. Conquis, il repart en ex-Yougoslavie, et s'attelle au projet avec enthousiasme. Mais la guerre vient perturber son travail et rompt momentanément le lien qui le reliait à sa scénariste. Les retrouvailles auront lieu lors du Festival d'Angoulême 2000, et le premier tome Morituri te salutant sortira en janvier 2001.

Du rififi à Rome

Attila, ivre de colère depuis que la déesse Kerka incarnée dans la romaine Flavia Aetia l'a quitté, poursuit son invasion de L'Empire Romain Galactique et cherche à découvrir les coordonnées tenues secrètes de sa capitale, Rome. De son côté, Flavia qui voue une haine tenace à Attila depuis qu'il a anéanti son monde natal et fait massacrer sa famille, décide de se rendre à Rome pour obtenir le commandement des Légions impériales. Pour cela, elle endosse l'identité de son père, Aetius. Mais la capitale est rongée par les complots et le jeune Valentinien n'est qu'une marionnette entre les mains du perfide Maître des Offices. Seule l'Impératrice régente semble être convaincue de la fidélité d'Aetius.

Solide !

Valérie Mangin a écrit un scénario d'une solidité incroyable. Plus l'on avance dans la série, plus l'intrigue se complique, mais loin de perdre le lecteur, l'ensemble reste d'une cohérence impressionnante. Le scénario s'étoffe et l'on va de surprise en surprise, et celle qui intervient à la dernière planche est de taille ! Le mélange du genre historique et de la Science-fiction, qui aurait pu devenir bancal, donne au contraire toute sa richesse à cette série. C'est l'affrontement de l'Ordre et du Chaos, de la barbarie et du raffinement, d'un peuple jeune face à la décadence d'un peuple ancien. La haine, la violence et la guerre forment la toile de fond de cette histoire au caractère épique dominée par le culte de la déesse sanglante Kerka et de son pendant masculin et romain Mars. On suit avec passion le destin de ces deux héros tragiques, Attila et Flavia, à la fois tourmentés et décidés, partagés entre haine et amour, qui ne sont que les deux faces d'une même médaille. Le dessin de Gajic rend magnifiquement cette guerre aux dimensions galactiques. Il rend la splendeur décadente de Rome corrompue, la violence barbare des Huns, il maîtrise la peinture des sentiments à la perfection, passant avec une égale aisance semble-t-il des scènes de panique collective à la colère et la jalousie enfantine de Valentinien. Son trait ne cesse de s'améliorer et devient de plus en plus sûr, sans parler de l'encrage… C'est une Bande dessinée d'une grande puissance graphique doublée d'un scénario en or, du bon, du très bon travail.

Genres / Mots-clés

Partager cet article

Qu'en pensez-vous ?