Ce roman peu ordinaire de Michael Moorcock a une petite histoire. En fait, il s’agit de l’extension en roman de la nouvelle du même nom écrite en 1967. L’obtention du prix Nébula pour ce texte a dû donner envie de la prolonger à son auteur. Ce fut chose faite l’année suivante en 1968. Quant à la nouvelle initiale, on peut la lire dans le recueil Le Cavalier Chaos aux éditions Pocket dans la collection Le Grand Temple de la Science-fiction.

Jésus l’attardé mental !

L’histoire se déroule sur deux époques à la fois, d’une part en l’an 28 après Jésus Christ et d’autre part en 1960 dans le passé du personnage principal, Karl Glogauer. Psychiatre raté de métier, il a une idée fixe : remonter le temps pour assister à la crucifixion du Christ. Un petit bond dans le passé et le voilà qui apparaît dans le désert où il est recueilli par des Esséniens, une secte menée par Jean le Baptiste. A son réveil et après plusieurs recherches, il découvre finalement que Jésus, fils de Joseph et de Marie, est un attardé mental dont la principale occupation est de baver consciencieusement sur ses vêtements. Voilà qui pose plusieurs questions et qui remet en cause les fondements même de la religion catholique puisqu’apparemment Jésus ne serait pas le prophète attendu. Et si 2000 ans de catholicisme n’avaient été basés que sur un leurre ?

Questions existentielles…

Avec Voici l’homme, Moorcock nous plonge dans une question existentielle : Et si le Christ n’avait jamais existé. En plus d’être un récit fantastique, ce roman est donc une approche philosophique du concept de Dieu et des bouleversements que peut subir un homme quand il voit ses convictions et sa raison d’être basées sur un mensonge. Une fois de plus Moorcock nous montre qu’il est capable d’écrire dans un style qui ne lui est pas familier, loin des grandes sagas du multivers. Et une fois de plus, c’est tout simplement du grand Moorcock.