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Washita 3

Christian Lerolle (Coloriste), Thomas Labouret (Dessinateur), Séverine Gauthier (Scénariste)
Cycle/Série : 
Langue d'origine : Français
Aux éditions : 
Date de parution : 30/04/2010  -  bd
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Washita 3

Séverine Gauthier, Thomas Labourot et Christian Lerolle, trio déjà remarqué avec l'album Mon arbre paru en 2008 chez Delcourt, poursuivent leur fable indienne Washita avec ce troisième tome, sorti en mai chez Dargaud. En attendant le tome 4 prévu pour novembre 2010, les lecteurs pourront jeter un œil sur Garance, nouveau récit one-shot à paraître chez Delcourt.

Les deux premiers volumes de Washita (voir les articles sur le tome 1 et le tome 2) nous avaient déjà laissé une excellente impression, aussi bien au niveau du scénario que des dessins. Les auteurs poursuivent sur leur lancée avec un talent intact. On avait laissé Equani avec Cheeluh, jeune fille recueillie après l'attaque de son village par les poursuivants du guerrier cherokee, en quête de Washita, la jeune femme qui hante les rêves d'Equani. Ce troisième tome voit enfin les deux amants prédestinés se rencontrer. Commence pour Equani une période heureuse, aboutissement de sa quête. Mais a-t-il véritablement atteint son but ? N'a-t-il pas oublié l'autre objectif de sa mission, à savoir découvrir l'origine de la maladie qui décime hommes et animaux sur tous les territoires connus ? Les esprits de la forêt ne vont pas manquer de lui rappeler son devoir...

Une qualité d'une constance admirable

Ce qui frappe le plus dans ce troisième opus, c'est que l'excellente qualité de la série n'a pas faibli d'un pouce depuis juin 2009. La raison principale doit tenir du fait que l'histoire de Washita, prévue en 5 tomes, semble avoir été longuement et mûrement pensée et construite. C'est en tout cas l'impression que l'on a en lisant ces albums au rythme régulier : pas de précipitation dans le déroulement de l'intrigue après sa mise en place, pas de rebondissements artificiels pour maintenir un faux suspens. Le scénario se déploie naturellement – sans paraître mécanique – tout en renouvelant l'intérêt du lecteur : malgré sa rencontre avec Washita, la quête d'Equani n'est pas terminée, et est même relancée de belle manière à la fin de l'album.

Que dire de plus, donc, que ce qui a déjà été dit pour les premiers volumes ?
Que les dessins et les couleurs sont toujours aussi superbes ? Oui, bien sûr, d'autant que les auteurs aiment chambouler la narration traditionnelle sur certaines planches pour rompre la monotonie de la lecture – tout en restant adapté au propos.
Que les auteurs nous plongent avec délice dans les mystères animistes des légendes indiennes ? Il faut dire que l'histoire de Washita s'appuie sur des recherches sérieuses et documentées sur la mythologie cherokee – par exemple, dans cet album, la légende d'Uktena (mais on sait que Gauthier est une spécialiste en la matière).
Que les auteurs allient à merveille la force brute de la Nature et la cruauté des hommes, avec un profond humanisme et une grande délicatesse dans l'expression des sentiments ? Il n'y a qu'à voir la belle et pudique évocation de la souffrance par Cheeluh, ou la culpabilité rentrée d'Equani, ou encore la complexité des relations entre hommes et animaux, pour s'en convaincre.

Dès lors, il ne nous reste plus qu'à attendre l'avant-dernier tome, d'autant que la fin de celui-ci nous happe véritablement, confirmant que Gauthier, Labourot et Lerolle possèdent un vrai talent de conteurs.
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