Cela fait déjà quelques temps qu’André François Ruaud a décidé de partir en mission d’exploration avec sa fidèle revue, le Yellow Submarine. Après Londres et les sentiers de la faërie dans ses deux derniers numéros, il a choisi cette fois d’appareiller à San Francisco pour lancer ses mousses à l’assaut de la ville.
Alors que Bruno Bordier a rapporté à bord une étonnante analyse de la télévision du coin et que le capitaine Ruaud s’est lui-même chargé d’un guide du Shopping à l’usage des fans de SF, Bridget McKenna nous fait un petit historique de la ville, de l’arrivée des espagnols à nos jours en passant par la ruée vers l’or et l’immigration chinoise. Simple et efficace, cet article est complété par une visite guidée de San Francisco et par des chroniques de bouquins s’y rapportant. Et pour faire bonne mesure, Brian Stableford et Francis Valéry se sont arrêtés de leur côté sur deux auteurs très liés à la métropole, Fritz Leiber et R.D.Milne. L’occasion de ressortir du placard ces deux auteurs quelques peu oubliés chez nous ces derniers temps. Jusque là, tout va bien. Sans être fantastique, le numéro se tient et reste fort agréable.
Des nouvelles :
Mais Yellow Submarine n’est pas le guide du routard ! Même s’il entraîne ses lecteurs à flâner dans les rues de San Francisco, le beau sous-marin jaune n’oublie pas de titiller leur imaginaire en proposant trois récits, à milles lieux les uns des autres. Alors que le premier tient véritablement de la faërie (Bruno B. Bordier, Les veines gonflées de rouge), le second nous plonge dans un monde virtuel où l’illusion règne en maître, sur l’éternel thème de " qu’est-ce qui est réel et qu’est ce qui ne l’est pas " (Dominique Warfa, Une saison sang et marine). Et que dire de la troisième et dernière nouvelle ? Sans doute qu’elle confirme que Fabrice Colin est un des meilleurs écrivains de sa génération, de part son talent, sa plume et son imagination.
Avec le brio qu’on lui connaît, il met en scène Dionysos lui-même se réveillant après un sommeil éthylique de plusieurs dizaine d’années. Plongé dans une ville qu’il ne reconnaît plus, il va chercher à retrouver la nymphe qu’il aime de tout son cœur, en faisant bien sûr une étape par le premier bistrot du coin. Car il a beau être un Dieu, c’est d’abord et avant tout un pochtron !
Délirante et géniale, cette nouvelle clôt magistralement un Yellow Submarine décidément bien sympathique. Après 130 numéros, sa vitalité est intact. On en peut que s’en réjouir !