Quaillou, ou Les Aventures interstellaires de Quentin Quonnard
Né en 1979, Sylvain Lamur devient enseignant en 2007, après des études de philosophie. Depuis 2012, il publie des nouvelles de fantastique et de science-fiction, dans des anthologies (chez Rivière Blanche, Arkuiris, Otherlands, Voyel’, Sombres Rets…), revues (Galaxies, Solaris, Géante Rouge, Etherval, AOC…) et webzines (Studio Babel, Corbeau, Nouveau Monde…). Musicien, lecteur insatiable, il s’efforce de nourrir ses histoires de ses nombreuses influences, entre loufoquerie, spéculation et aventure. Quaillou est son premier roman.
Du space opera délirant
Quentin Quonnard (oui, vous avez bien lu) est un commercial un peu banal qui a comme unique caractéristique son charme auquel aucune femme ne veut résister ("Je plais aux femmes, et les femmes me plaisent", première page du livre – au moins, on est prévenu).
Durant une mission de routine dans l'espace, son vaisseau s'écrase sur un astéroïde (un caillou – vous sentez venir le titre du livre ?), et à partir de là, les choses vont partir dans tous les sens. Monde imaginaire qui devient réel, personnages surprenants, confrontation avec un mafieux, dialogue avec un astéroïde, l'auteur ne nous épargne rien. En particulier les femmes. Beaucoup de femmes. Tout le temps les femmes.
Une parodie de SF
J'ai lu ce roman comme une parodie de SF. Ce n'en est peut-être pas une, mais ça fait passer beaucoup de choses. En particulier les titres de chapitres, dont aucun n'est vraiment sérieux, et le type d'humour du personnage principal.
Il y a des références (il me semble) à des créations de SF : l'hypo-espace qui fait sans doute pendant à l'hyper-espace cher aux créateurs de space opera, la Mélasse Mauve qui fait furieusement penser à l'Épice de Dune (Sylvain Lamur aurait quand même pu trouver un nom moins ridicule), l'ordinateur de vol qui rappelle davantage Le Guide du Voyageur Galactique que Alien, et sans doute d'autres encore.
Un vrai délire scénaristique, une histoire haletante toute en rebondissements
D'un autre côté, l'auteur part assez vite dans un délire scénaristique auquel il ne donne que très tard un vague vernis de SF qui se veut crédible, ce qui fait que, tout comme le héros, on se dit pendant presque tout le roman qu'il s'agit d'une sorte de délire hallucinogène, ce qui gêne pour entrer vraiment à fond dans l'histoire. C'est un peu dommage car le délire en question, avec son côté picaresque, est au final assez drôle. Il y a de multiples rebondissements, avec des chapitres très courts et un style à la fois humoristique et qui ne se perd pas en descriptions (sauf quand il s'agit de décrire le corps des femmes).
Les femmes
Vous vous rappelez "En particulier les femmes. Beaucoup de femmes. Tout le temps les femmes." ? Eh bien, vous en aurez. Et des belles. Des très belles (même si elles ne sont pas forcément d'apparence très humaine). Tout le temps, toutes très attirées par notre cher Quentin, très demandeuses, et très jalouses. Voire pénibles (ne donnons pas dans la vulgarité).
Belles et mouvantes, intelligentes, surprenantes, ces personnages sont les seules à évoluer, à montrer qu'elles sont autre chose que de belles plantes. Mais uniquement pour protéger Quentin.
Bref, vous l'aurez compris, les femmes et leurs rapports (sexuels) avec le personnage principal occupent suffisamment de place dans ce livre pour mériter des paragraphes entiers de cette chronique. Non qu'il s'agisse d'un livre pornographique (il y a peu de détails crus, désolée pour ceux-celles qui s'en réjouissaient déjà), mais le héros ne fonctionne quasiment que par ce biais, et fait preuve d'une énergie dans ce domaine qui ridiculise James Bond en personne. Soyons honnêtes, cela ne contribue pas au peu de crédibilité que ce roman peut avoir.
Un peu d'héroïsme tout de même
Il faut quand même reconnaître au héros, quoique infidèle, un peu irresponsable et à la limite du priapisme, qu'il refuse qu'on maltraite les femmes, et que ce ressort fonctionne aussi à plein dans l'intrigue : il quitte des situations confortables, voire risque sa vie, pour venir en aide aux femmes qu'il a rencontrées et qu'il sait en danger. Bref, un vrai gentleman.
Un roman léger
Un livre à ne pas trop prendre au sérieux donc, qui vaut surtout pour le côté anti-héros de son héros et pour ses multiples rebondissements, assez sympathiques au final (malgré de nombreuses coquilles d'impression). Un roman pour l'été...