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Le monde du fleuve

Philip José Farmer ( Auteur), Manchu (Illustrateur de couverture), Guy Abadia (Traducteur), Charles Canet (Traducteur)
Aux éditions : 
Date de parution : 31/12/91  -  Livre
ISBN : 9782253061199
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Xavier   - le 20/09/2018

Le Fleuve de l’Eternité Tomes 1 à 5

La carrière de Farmer a connu plusieurs phases. Tout d’abord, il fut le premier à oser mettre une fesse concupiscente dans la SF… En fait, au début des années 50, il aborda le thème de la sexualité dans plusieurs textes désormais célèbres : un roman Les amants étrangers et des nouvelles regroupées dans le recueil Des rapports étranges. Entendons-nous bien bande de petits galopins vicieux, il y parle de sexe mais ne fait pas dans le porno (il réserve ça pour une phase ultérieure de son œuvre) : le fait de savoir comment d’autres formes de vie se reproduisent et celui de savoir si l’humain peut se mélanger à ces dernières sont les deux principales questions que l’auteur se pose. Pas de quoi satisfaire la curiosité exacerbée d’un ado démangé par ses hormones mais largement de quoi faire un tollé chez nos amis puritains coincés de l’arrière-train…

Sexe…

Après plusieurs romans et nouvelles indépendants, il débuta en 1965 le premier volume de la célèbre Saga des Hommes-Dieux (qui devait en compter sept au total et dont la rédaction devait s’achever en 1993). Parallèlement à cette série vint sa période trash, porno et parodies, où tous les héros de notre enfance, Tarzan en tête, se livrent à des exploits dignes d’inspirer les plus délicats scénars à Rocco.

…Hommes-Dieux…

En 1971 Farmer pose officiellement la première pierre de ce qui deviendra son chef-d’œuvre : Le monde du Fleuve. Officiellement seulement puisqu’en fait une première mouture avait été rédigée en 1952 pour un concours… Le cycle se compose à ce jour de quatre tomes pour l’intrigue principale puis d’un cinquième dans lequel il revient sur cet univers avec une longue nouvelle et un roman. Une autre phase nous est quasiment inconnue en France faute de traduction : la série Dayworld qui serait la troisième grande saga de Farmer. Espérons un jour en voir la traduction vu le bonheur qu’ont eu ses fans à lire son récent roman policier Rien ne brûle en enfer.

…et Fleuve

Le concept du Fleuve de l’Eternité est ultra simple et par conséquent ultra efficace. Il tient en quelques mots (47 pour être exact) : toute l’humanité de son premier représentant à son ultime spécimen se réveille en même temps sur les berges d’un fleuve gigantesque ; sur cette nouvelle planète, hommes et femmes se trouvent ressuscités en pleine force de l’âge, mélangés sans égards pour leur époque respective ou leur pays. Dans cette épopée gigantesque un groupe va se constituer afin de remonter aux sources du Fleuve où devraient se trouver les réponses à toutes les questions. Que font-ils tous là ? Est-ce le paradis ? Une expérience ? Une matrice ?

Chef-d’œuvre parmi les chefs-d’œuvre

Il faudra dévorer les quatre premiers volumes pour voir le mystère se lever. Quatre romans qui deviendront sans doute cultes pour vous aussi. A la fois romans d’aventures haletantes et de réflexions philosophiques, la série bénéficie de la solide culture de l’auteur pour que s’y côtoient avec le plus grand naturel Richard Francis Burton, Mark Twain et Cyrano de Bergerac. Cette tétralogie est l’archétype de ce que réussit le mieux la science-fiction : un récit qui fait fusionner la distraction et la réflexion dans un ensemble que l’on peut non seulement lire à plusieurs niveaux – et le premier degré n’est pas le moins enthousiasmant – mais que l’on relira toujours avec le même plaisir.

Un cinquième volume pas vraiment nécessaire

On retrouve dans les deux grandes sagas de Farmer le même défaut : l’auteur ne s’arrête pas assez tôt. Si on se serait aisément passé des trois derniers volumes des Hommes-Dieux, seul Les Dieux du Fleuve a un goût de « non merci là, ça va aller, j’ai plus faim ». La nouvelle Ainsi meurt toute chair (dans laquelle Jésus Christ himself fait une apparition) ne méritait pas vraiment la centaine de pages dont elle est constituée car son intérêt ne repose que sur le cynisme de la phrase finale. Quant au roman, Les Dieux du Fleuve, il ne fait que remettre inutilement en question les réponses trouvées à la fin du Labyrinthe magique juste histoire de courir à nouveau dans tous les sens en risquant sa peau…
Mais ne boudons pas notre plaisir, quatre chefs-d’œuvre sur cinq est un score plus qu’honorable et même le dernier volume (pour l’instant) fera passer un bon moment aux fans du cycle. Il ne vous reste donc plus qu’à faire un cadeau à votre bibliothèque afin de pouvoir parcourir Le Monde du Fleuve, naviguer à bord du Bateau fabuleux, dévoiler Le noir dessein et vous perdre dans Le labyrinthe magique

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