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Le Parfum des Grinches

Crisse (Dessinateur), Anyk (Coloriste), Laurent Carpentier (Coloriste), Jacky Goupil (Scénariste)
Aux éditions : 
Date de parution : 31/03/97  -  BD
ISBN : 286967547
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Laurent   - le 20/09/2018

Le Parfum des Grinches

Deux ans après que des certains Loisel et Le Tendre ont achevé La Quête de l'oiseau du temps, une nouvelle paire d'auteurs s'attaquait à ce qui allait devenir un autre monument de la BD de fantasy française: L'Epée de cristal. Largement influencés par leurs aînés, Crisse et Goupil n'en sont réciproquement qu'à leurs débuts en 1989. Crisse n'a pas encore tracé les univers de Kookaburra, de Perdita Queen ou d'Atalante. Ses premières séries : Ocean's Kings ou Nahomi, n'ont pas connu un succès retentissant, et le 'style' Crisse n'existe à vrai dire pas encore. De son côté, Goupil, même s'il est tombé dans la marmite de la BD étant petit, a surtout été acteur en tant qu'éditeur avant de s'accoquiner avec Crisse chez Vents d'Ouest. Mais les deux larrons ont plusieurs points communs et l'un est d'importance: tout deux montrent un goût très affirmé pour la plastique féminine, et c'est sans surprise que leur premier cycle de fantasy narre les histoires de la sublime Zorya. A l'occasion de la sortie du deuxième cycle de L'Epée de cristal, ActuSF vous propose de vous rafraîchir la mémoire en humant à nouveau Le Parfum des Grinches...

"Les cinq maîtres des sens sont au pays de la corne céleste"

Au fin fond de la forêt des Gréoux, L'Aneith se meurt. La gardienne du Pentacle depuis sept siècles voit ses forces l'abandonner et avec elles les chances de repousser le Néant: tant qu'elle était valide, la gardienne à la peau d'ébène pouvait assurer que la gestalt des cinq sens ne tombe entre ses mains. A Zorya de réunir les maîtres des cinq sens afin de regénérer les pouvoirs du pentacle, et ainsi devenir la digne héritière de la gardienne de la gestalt. Seul le vieux Brisbane sait où trouver les maîtres des cinq sens. Moha et Mokla, les deux holguins, escorteront donc Zorya jusqu'à lui. De là, elle partira à la recherche du maître de l'odorat.

Mais le Néant est déjà sur sa trace: en brandissant Béryl, l'épée qui faillit causer sa chute des éons plus tôt, Zorya a attiré sur elle son attention toute neuve. Et le Néant sait bien s'entourer: les redoutables Grinches qui vivent dans la contrée du maître de l'odorat risquent bien d'entraver la chemin de la belle guerrière...

"...Afin que disparaisse la gestalt du pentacle"

Dans ce premier tome de L'Epée de Cristal, Goupil et Crisse sculptent les pièces d'échec plutôt qu'ils ne jouent la partie. On découvre ainsi Zorya, beauté crépusculaire, et héroïne en devenir dont le charme n'a d'égal que la finesse de sa lame. On découvre également ses compagnons d'arme: les holguins, Brisbane et Téome, maintenus par magie à l'âge d'un jouvenceau. Les méchants ne sont pas en reste: dans un palais dont la géométrie est héritée des gravures d'Escher, le Néant et sa cour d'Anthonomes attendent leur heure. Argas, héraut du Néant, se charge des basses besognes avec plus ou moins de bonheur. Bref, la découverte est au rendez-vous. Découverte d'un monde également, et à tous ces égards, ce premier tome fleure vraiment bon La Quête de l'oiseau du temps: une sorcière maternelle, une quête à accomplir par une jouvencelle aux rondeurs évocatrices, un vieux briscard en guise de précepteur, et une escorte aux airs lubriques... Bref, on attend un peu de nouveau.

La plus grande différence entre cette série et sa vénérable aînée, tient apparemment au graphisme. Dans L'Epée de cristal, Crisse s'est essayé à beaucoup de choses, développant sa technique au fil des planches. Ainsi, la silhouette de Zorya est-elle parfois un peu caricaturale dans ce premier tome, avec un "cul carré". Mais de façon générale, on voit émerger cette rondeur et cette fluidité de trait qui feront de Crisse un des dessinateurs les plus respectés (et les plus copiés) de sa génération. Ne mentons pas: Le Parfum des Grinches est déjà un plaisir pour les yeux, mariant les créatures les plus somptueusement hideuses aux roses les plus délicates. Petit reproche (encore): les couleurs sont parfois un peu pâlichonnes, tandis que les encrages sont localement très sombres, de sorte que certaines cases paraissent peu lisibles.

Je me rends compte à la lecture de cette chronique que j'ai été particulièrement dur avec ce volume. Sans doute parce que je craignais initialement que mon amour absolu pour cette série ne transpire trop entre les lignes. Bien sûr Le Parfum des Grinches n'est pas exempt de reproches, mais il regorge de trouvailles, possède un découpage et une mise en scène dignes des plus grands, et est pétri d'idées en devenir... Une affaire à suivre bien entendu.

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