Ne nous trompons pas. Réplicante tient plutôt du policier que véritablement de la SF. L'intrigue, en effet, est digne d'un bon polar. La détective De Rossi (DR pour les intimes) se voit confier la mission de retrouver un mari supposé mort. D'emblée, l'affaire lui semble bizarre. Sa cliente n'a pas vraiment l'air d'avoir envie de retrouver son époux vivant. Mais, lorsque le père de cette dernière lui demande de rechercher en plus la sœur jumelle du mari, tout en la mettant en garde contre sa propre fille, DR se dit que tout ça commence à sentir mauvais. En ajoutant quelques meurtres, un enlèvement, et un peu de drogue, son enquête devient rapidement un imbroglio qu'il vaudrait mieux laisser tomber. Mais, DR a un vice : le Sintar. Cette drogue lui permet de s'envoler vers des rêves tellement plus sympathiques que sa vie dans un Milan futuriste et décrépit qu'elle n'a pas le choix. Elle a besoin d'argent pour s'envoler à nouveau, et cette affaire est la seule qu'elle ait.
Jusque-là, l'élément SF n'est pas vraiment intervenu dans l'intrigue. Mais, Nicoletta Vallorani ne l'utilise finalement que pour donner une sorte de poésie à son histoire. DR est en effet une synthétique, comprenez une androïde. Laissée tomber par son créateur qui a cru bon de l'affubler d'une double paire d'oreilles comme signe distinctif, DR prend du sintar pour pouvoir rêver, tout simplement. La drogue lui rend ce que sa condition d'androïde la prive. Et puis surtout, DR se pose tout un tas de questions sur les humains et leurs sentiments. Elle se demande par exemple, si l'espèce de poids dans la poitrine qu'elle ressent lorsque sa protégée se fait enlever, ne se rapproche pas de l'anxiété humaine... Bref, DR est une androïde un peu mal dans sa peau, ce qui la rend attachante et proche des hommes. Quand une machine commence à éprouver des sentiments comme les singes sur deux pattes, c'est beau... Autre ingrédient SF dans cette histoire, le lien emphatique qui unit les deux jumeaux disparus. En fait, il vient de leur origine. Ils sont nés et ont été élevé sur une autre planète, développant des qualités télépathiques particulières. Cet élément donne une dimension supplémentaire à leur relation, et surtout, c'est l'occasion d'un récit dans le récit (le journal de bord d'un explorateur) très agréable... Bref, pour abréger, l'élément science-fictionnesque, en poétisant ce texte, l'enrichit incroyablement. Et qui dira après que la science fiction est un genre simpliste ?
Ce que j'en pense :
Evidemment, je vous conseille ce livre. En plus d'une lecture facile et agréable, c'est une bonne occasion de découvrir un auteur venu de l'autre côté des Alpes, et qui a déjà publié deux romans dans la Série Noire. Sans être le livre du siècle, Réplicante n'a pas volé son prix Urania.