Danse Macabre
Danse macabre, le titre du deuxième tome de
Requiem : Chevalier vampire, ne sera pas sans rappeler à certains un volume homonyme de la série des
Chroniques de la Lune noire (Dargaud). En fait,
La Danse macabre est le dernier volet de cette fresque d'heroic-fantasy à être dessiné par Ledroit, avant que celui-ci jette l'éponge, sans doute épuisé par le scénario poussif. Et, chose étrange, la similitude entre ces deux histoires va assez loin : elles ont en commun une furie guerrière sans bornes et un trait acerbe, totalement excessif. Malheureusement,
La Danse macabre avait selon moi sonné le glas des " Chroniques " qui se sont enfoncées depuis dans un systématisme guerrier sans aucune saveur. Espérons que la suite de
Requiem ne sera pas promise au même destin ?
La trahison pour maître motA sa mort, Heinrich a quitté notre monde pour investir celui de Résurrection, où il expérimente désormais la vie d'un vampire, Requiem. Malgré ses efforts, il ne parvient pas à oublier celle qu'il aimait sur terre, Rebecca. Et même s'il sait désormais qu'il mérite son sort pour avoir, sur le front russe de la seconde guerre mondiale, tué et violé sans mesure, il ne désespère pas de la retrouver.
Malheureusement, Rebecca s'est réincarnée sous la forme d'un lémure, et les lémures sont les ennemis héréditaires des vampires dont ils hantent le passé. Quand Rebecca lui demande "d'expirer" son ami Otto, Requiem refuse, au risque de la perdre à jamais. Mais que voulez-vous, ce vampire là a gardé son honneur.
Ce genre de trait de caractère n'est d'ailleurs pas pour plaire à sire Mortis qui est devenu son ennemi notoire. Associé à deux dangereux acolytes, Baron Samedi et Dame Claudia, il a bien l'intention de faire disparaître cet empêcheur de tourner en rond. Surtout qu'il vient de contrecarrer ses plans dans la bataille de Londres où il a terrassé les goules que le traître Mortis avait engagées pour renverser l'ordre vampirique, actuellement régenté par Dracula et ses sbires. Peut-être finalement que l'attirance réciproque et malsaine entre Requiem et Dame Claudia pourrait être utilisée à bon compte pour résoudre définitivement ce problème ?
Un peu de richesse dans ce monde de brutesCe deuxième tome de
Requiem marque le temps de l'opulence avec toutes les dérives que cela peut impliquer chez des zouaves comme Mills et Ledroit. On est conquis par la richesse graphique avant tout, avec le développement d'une palette de couleurs élargie depuis
Résurrection qui permet d'apprécier le dessin sans se coller sous un projecteur pour y voir clair. Richesse du cadre aussi, puisque la désolation omniprésente du premier tome est habilement intégrée à un monde plus divers, plus inquiétant aussi. Du point de vue du scénario, la trahison de sire Mortis et les travers humains de Requiem amènent des perspectives intéressantes, avec, sous-jacents des intérêts contraires.
Bref, on sent qu'il y a du répondant à tous les niveaux, mais l'écueil de la confusion entre richesse et vaine profusion pointe son nez. La composition des pages notamment n'échappe pas à des découpages scabreux sur certains planches qui nuisent à la lecture plus qu'ils n'enjolivent le trait. Et si les scènes de combat sont gérées avec talent, on se lasse rapidement des 20 pages de pure baston dans lesquelles un nombre incalculable de personnages plus ou moins humanoïdes se font charcuter, cramer, violer, étriper, mitrailler, j'en passe et des meilleurs. On a même droit à un géant nommé Anthrax, une sorte de King Kong rongé par la vermine qui escalade Big Ben ! Mettons donc en garde les auteurs contre ces " dérives " qui gâchent un peu le plaisir de cette
Danse macabre et laissons leur le bénéfice du doute.