Mémo

Mémo

90% des œuvres de SF publiées par un Kurt Quelquechose sont en fait dues à un homme : André Ruellan. Quelque soit le nom dont il signe ses romans, Kurt Wargar, Kurt Dupont ou encore Kurt Steiner (son pseudo le plus connu), cet auteur se fait un devoir d'écrire des histoires prenantes, aux rebondissements multiples et aux conclusions toutes plus imprévisibles les unes que les autres. On pourra s'en convaincre en lisant Les Enfants de l'histoire, Tunnel, Les Océans du ciel ou encore Le Disque rayé. Non seulement Mémo ne fait pas exception à la règle, mais c'est sans doute sa plus grande réussite.

Une drogue pour voyager dans le temps

Paul, chercheur, met au point une drogue qui agit sur la mémoire. Lorsqu'il décide de la tester sur lui-même, il n'a pas la moindre idée du délire dans lequel elle le fera plonger. Au gré des doses qu'il s'injecte et du dérivé de son produit qu'il emploie, son esprit va s'emballer dans des aller-retour entre passé et présent jusqu'à l'overdose ultime : le voyage dans le temps.

Fait d'une traite, pas de chapitre, pas de pose, Mémo se lit comme il est écrit. Embourbé dans les souvenirs du futur de Paul, vous ne pourrez reposer ce livre avant sa conclusion où toutes les clefs vous seront enfin données. Impossible donc de vous en dire plus sinon qu'il faut un minimum de concentration à la lecture afin de ne pas s'emmêler dans les paradoxes.

Résumons Mémo en quatre mots (+ ou - 50%…) :

Mémorable
Envoûtant
Malheureusement inénarrable
Œuvre d'exception

Une bonne pioche

Issue de la défunte collection Présence du futur, Mémo est une œuvre qui n'a rien à envier à ses collègues anglo-saxonnes. De par son sujet et la maîtrise de son écriture, elle n'est pas sans rappeler les meilleurs moments de Dick. Il aurait donc été injuste qu'elle continue à croupir dans les tiroirs. En 1985, Mémo remporta le Grand Prix de la SF Française, cette récompense est, vous le verrez, amplement méritée.

Bref encore une bonne pioche chez Folio SF qui reste fidèle à ce qui semble être sa ligne éditoriale : des œuvres d'un excellent niveau sous une couverture dont la beauté est inversement proportionnelle à la qualité des textes…