Troisième roman SF de Benjamin Legrand, La face perdue de la Lune joue dans la cour d'Alien et compagnie où des humains sont confrontés à une entité étrangère résolument hostile. Dans l'espace, nul ne vous entendra crier comme disait l'autre…
Efficace mais…
Après diverses guerres plus meurtrières les unes que les autres, l'humanité est exsangue. L'union des trois grandes religions monothéistes, débarrassées de leurs fanatiques, semble sonner l'avènement d'une nouvelle ère pour l'espèce humaine Afin de cristalliser ce nouveau départ, on nettoie la Terre de toutes les armes, les déchets nucléaires, les virus biologiques et informatiques. Les Dumpmen, pompiers-éboueurs, doivent transférer toute cette haine matérialisée sur la Lune.
Tout dérape lorsqu'un robot passé en contrebande sur le satellite est par accident mis en contact avec des virus. Il mute, évolue en une espèce de machine à tuer qui va entreprendre l'extermination de l'humanité. Une jeune médium aidera les Dumpmen dans le combat qui s'engage contre cette entité quasi-démoniaque. La traque au monstre sanguinaire commence.
…très classique…
Ce roman est à la fois enthousiasmant et décevant. Enthousiasmant par la façon dont on rentre dans cette histoire que l'on a le plus grand mal à lâcher. L'auteur installe le suspens et certaines scènes font penser au meilleurs moments d'Alien (auquel il n'hésite pas à faire un petit clin d'œil vers la fin). Le futur proche décrit fait froid dans le dos surtout mis en parallèle avec l'actualité de ces derniers mois. Pourtant, il déçoit par des ficelles trop grosses et des rouages trop apparents : l'identité du commanditaire du robot à peine caché par un vulgaire anagramme et la résurgence du nazisme comme archétype du mal a été utilisée un nombre incalculable de fois. Certains personnages sont trop manichéens et on n'échappe pas à l'histoire d'amour entre le bleu et la belle-mais-inaccéssible-lieutenant qui l'insulte pour ne pas montrer ses sentiments naissants…
…sauvé par le final
Bref, malgré des qualités indéniables, les défauts de l'œuvre l'empêchent d'être pleinement séduisante. C'est dommage car le final est à la hauteur de l'introduction avec cette union du Yin et du Yang, l'éveil à la conscience de ce monstre qui évoque à la fois la créature de Frankenstein et la Bête de la Belle.