Starship Titanic
Re-situons rapidement le contexte : Douglas Adams est décédé il y a peu de temps et Folio SF vient d'achever la réédition de son (seul) grand cycle rocambolo-loufouquesque : la trilogie (en cinq volumes) du Guide Galactique.
La Mort 1 - Adams 0
Après la Grande Faucheuse et Folio SF c'est donc aujourd'hui au tour de J'ai Lu de porter l'auteur sur le devant de la scène. Bien que certainement flatté par tant d'attention, Monsieur Adams, très classe, n'en quitte pas moins cette place dès l'introduction en précisant - et c'est important - qu'il n'a pas écrit la moindre ligne de ce livre. Confiée à Terry Jones, l'histoire est basée sur une digression d'un élément de La vie, l'univers et le reste*.
L'ancien Monty Python devra par conséquent se débrouiller avec cet élément absolument pas nécessaire à la compréhension et au bon déroulement de l'œuvre précédemment citée et avec laquelle il doit réussir l'exploit d'en faire un roman qui n'est en fait rien d'autre que la déclinaison marketing d'un jeu vidéo au même titre qu'un T-shirt ou qu'un Vogon en plastique articulé (qui fait Kouglou-biglou quand on lui appuie sur le ventre).
Jones 0 - Adams 1
La barre était placée bien trop haute, même pour le talent maintes fois prouvé du fondateur du gang le plus drôle de l'Angleterre avec Benny Hill… Le texte est poussif, construit sur rien, comme toutes les œuvres d'Adams d'ailleurs, mais ce dernier avait ce petit truc en plus qui faisait rentrer certaines scènes dans la légende. La différence est de taille car Starship Titanic en est cruellement dépourvue. Pas de grande réponse à la grande question de La vie, l'univers et le reste, pas d'extraterrestres débiles, poètes et en définitive chiants comme la pluie (d'astéroïdes bien sûr), pas de robot dépressif, pas de serviette de toilette utilisable dans beaucoup de situations désespérées et surtout aucun des calembours douteux dont Adams avait le secret1…
La Mort 2 - Adams 1
Péniblement, Terry Jones arrive à nous arracher un sourire au détour d'une page ou deux mais il essaie sans succès d'écrire à la manière du géniteur de l'idée. Passons sous silence la parodie du Titanic qui brille par son absence. Bref, ce n'est pas grâce à ce livre que Douglas Adams restera dans les mémoires mais bel et bien et seulement avec son Guide Galactique. Laissez chez votre libraire ce livre merchandising plus fait pour la vente du jeu vidéo que pour la lecture.