L'Oeil de Sirrah
Parmi les trois nouvelles séries qui inaugurent la collection science-fiction de Dargaud, Le Pil est le fruit du travail de deux personnalités éclectiques. Sous le pseudo un rien ridicule (ou prétentieux) de Matrix se cache un réalisateur de story-board pour le cinéma. Il est d'ailleurs au générique du futur Kaena la Prophétie, le premier film d'animation français en trois D (cocorico !). De son côté Olivier Taïeb est un touche-à-tout. Linguiste de formation, publicitaire moniteur de plongée… Lui aussi a des liens avec le cinéma puisqu'il travaillerait actuellement sur son premier long métrage.
Deux filles, un prince et une intrigue light
Cet attachement au cinéma n'est pas anodin. En effet L'Oeil de Sirrah est conçu comme un blockbuster américain. Sur grand écran l'histoire aurait fait un malheur. Deux jolies sœurs, beaucoup d'action, un peu d'humour et surtout des combats dont Bruce Lee n'aurait pas à rougir. Le scénario est assez simple. Le royaume imaginé par Matrix et Olivier Taïeb, entre science-fiction et Moyen Âge, manque cruellement de Pil, une substance dont dépend la cohésion sociale et la richesse du pays. Le dernier espoir réside dans une cité mystérieuse où il serait caché un œil de Sirrah, élément essentiel dans la fabrication du Pil. Pour le retrouver, le roi a eu une brillante idée : lancer sept femmes à la recherche de l'œil. Celle qui reviendra avec aura alors la main de son jeune et joli fils.
A l'énoncer de la récompense, le cœur de nos deux sœurs ne fait qu'un bond dans leur poitrine. Elles sont amoureuses du beau garçon et ont là leur seul espoir de se pendre à son cou, leur modeste condition ne leur permettant même pas de l'approcher en temps normal. Mais pour faire partie des sept, elles doivent sortir vainqueur d'une gigantesque foire d'empoigne organisée dans un simulacre de Colisée (Gladiator ?) entre toutes les femmes qui comme elles veulent tenter l'aventure. Et entre filles c'est bien connu, il n'y a pas de quartier…
A oublier...
On l'aura vite compris, cette histoire est très, très loin d'être exceptionnelle. On dira même qu'elle est faiblarde et sans vraiment d'intérêt. Taïeb et Matrix nous propose un produit light dans lequel même les bulles sont absentes pour rehausser le goût. Comble de malheur, le dessin lui aussi pêche par son manque de précision. Vous l'aurez compris, on s'ennuie vite avec L'Oeil de Sirrah. A oublier…