Fight Club

Fight Club

C'est grâce à l'adaptation cinématographique réalisée par David Fincher que Fight Club devint mondialement connu. Et Fincher, habile réalisateur adorant les coups de théâtre (souvenez-vous des deux derniers péchés capitaux de Seven) ne pouvait que craquer sur ce roman. Qui dit coup de théâtre dit effet de surprise et par conséquent afin de le garder intact, il va falloir rester évasif sur certains points essentiels du récit…

Fight Club ou l'itinéraire d'un enfant gâté qui pète les plombs

Lorsqu'un jeune cadre dynamique insomniaque croise la route d'un certain Tyler Durden, sa vie va basculer… En fait, elle va plutôt exploser, être volatilisée comme son bel appartement et tout ce qui composait sa vie. Tyler va récupérer chez lui cet oisillon tombé du nid à une condition : le frapper aussi fort qu'il le peut. Dès lors la machine est lancée, à eux deux, ils créent le Fight Club et ses règles. A la fois défouloir et hymne à l'autodestruction ce club secret regroupe de plus en plus d'adhérents. Ceux qui viennent là se battent, et plus ils saignent, plus ils se sentent forts dans cette société bien pensante et frileuse. Mais Tyler Durden semble avoir d'autres projets bien plus ambitieux. On commence à parler du projet Chaos. Et si le but ultime n'était que la révolution, y aurait-il un moyen de tout arrêter lorsque l'on a été un des deux membres fondateurs du Fight Club ?

Un livre à comparer au film

Si vous lisez ces lignes, il y a beaucoup plus de chance que vous ayez vu le film que lu le roman dont il est tiré. Un élément d'importance à noter pour vous décider à lire ce bouquin : si vous avez pris une claque en regardant Fight Club, dites-vous bien que le film est beaucoup plus politiquement correct que le roman. Tout se ressemble fidèlement au début, puis peu à peu on note les différences pour arriver à un final vraiment noir (autre chose que de regarder un joli feu d'artifice sur un bon gros tube des Pixies)… Fight Club est un roman qu'aurait pu écrire un Robert Louis Stevenson du XXe siècle accro à la cocaïne. Fight Club est un film d'un réalisateur doué et en vogue à la violence vraie qui vous scotche à votre fauteuil. Il est important de mettre les deux œuvres en perspective car on peut alors se rendre compte de ce que peut se permettre le roman par rapport au cinéma.

Pas de morale mais des interrogations soulevées

Beaucoup critiqué lors de sa sortie en salle pour son immaturité : " Imagine de chasser l'élan dans les forêts humides des canyons autour des ruines du Rockfeller Center " ressemble à si méprendre, il faut être honnête, à la révolte d'un ado boutonneux qui refuse de potasser ses cours… Le film peut passer pour un simple produit de consommation dont la cible est l'ensemble des ados attardés en mal de révolution, pourtant il est plus que cela. Fight Club c'est l'itinéraire d'un monsieur-tout-le-monde qui pète les plombs. Il va rejeter la société de consommation dont il est issu, la télévision qui l'a élevé plus que ses parents. Il désire plus que tout être libéré de cette illusion de liberté, cette illusion de choix dans les rayons du disquaire où tout est/sera estampillé Universal.

Universal, Sale Univers, il n'y a qu'un pas à franchir. Certains prennent des armes de guerre et vont tirer dans le tas, ici Tyler Durden déclenche une révolution qui se nourrit de sa propre inertie et que personne, pas même son instigateur ne peut arrêter. Où va notre société avec son confort, son conformisme et le vide de nos vies omniprésent ? Comment tout changer ? Le peut-on seulement ? Le plus dangereux est-il d'être privé de liberté ou d'avoir l'illusion d'être libre ? A méditer… Et si Fight Club amène à cette réflexion, aussi imparfait et critiquable soit-il, c'est déjà un bon début. Fight Club. A lire. A voir.