Les Sept vallées

Les Sept vallées

La Société des Ecrivains offre l'opportunité, louable, à des écrivains en herbe d'éditer des récits qui seraient restées sinon lettres mortes faute d'éditeur intéressé. Et si la voie de l'autoproduction offre une alternative séduisante aux publications plus académiques, elle fait aussi la part belle aux œuvres de qualité plus discutable qui mériteraient pour certaines de conserver leur confidentialité première. J'ai donc un avis très partagé sur la question, et gageant qu'il n'est pas meilleur argument que l'expérience, je me suis lancé dans Les Sept vallées de la gloire avec un enthousiasme emprunt de scepticisme.

Eclairagiste et sonorisateur

Olivier Bidchiren, qui est l'auteur de ce recueil, a été éclairagiste et sonorisateur avant de se lancer dans l'écriture, ce qui n'est ni une tare ni une obscénité, mais permet de mieux appréhender les qualités de mise en scène et en image qui nourrissent ses écrits. Il n'en est pas à son premier essai, puisqu'il a déjà publié trois recueils de nouvelles : Les Aventures du chevalier Caravan (aux éditions New Legend), Images d'outre-mondes (aux éditions de l'Agly), et tout récemment Esosphères (aux éditions Sycomor). Il nous propose ici un voyage initiatique à travers les sept (enfin les huit…) vallées de la conscience, dans une quête de l'Eveil du soi qui ne manque pas de spiritualité.

Les sept vallées sont donc huit en vérité, la dernière étant en fait l'aboutissement du parcours, le texte qui boucle la boucle si vous préférez. Et si je n'ai pas été convaincu par l'ordonnancement des nouvelles dans le parcours, je dois reconnaître que tout le recueil va crescendo. Les cinq premières vallées (La Recherche, L'Amour, La Connaissance, L'Indépendance, et L'Unité) m'ont laissé un peu sur ma faim : si le style sophistiqué de Bidchiren y éclate dans un véritable ballet pyrotechnique, je dois vous avouer que je n'ai pas compris grand chose aux sujets. Certes on est en droit de douter de mes capacités intellectuelles, mais le but même de la quête à entreprendre m'est resté étranger. Soit. Les trois dernières vallées sont heureusement venues contredire cette première impression en me donnant matière à satisfaire mes neurones atrophiés. Là Bidchiren, sans délaisser les exercices de style, se lance dans de véritables récits formels bien plus agréables (L'Arroseur de pyramides, L'Usine à gaz, L'œil-de-Caïn). Dans L'Usine à gaz notamment, on suit le parcours policier du commissaire Grimeau à la recherche d'un tueur en série de prix nobels qui laisse dans son sillage des arcanes du tarot de Marseille. Une histoire à tiroirs qui ne se révèle dans toute sa plénitude que dans un final hitchockien.

Un moment plutôt agréable

On l'aura compris, ce recueil de Bidchiren n'est pas l'oeuvre géniale injustement méprisée par les éditeurs. Même si sa lecture est plaisante, il fait preuve soit d'un hermétisme total, soit d'une originalité toute relative dans les thèmes qu'il aborde. Quête spirituelle oblige, le style d'Olivier Bidchiren est assez tarabiscoté, mais là je pense qu'il s'agit d'une appréciation très personnelle, et je suis convaincu que ce genre d'écrits a un public. En somme, Les Sept vallées de la gloire n'ont pas permis à ma conscience de s'élever au point de résoudre mon cas de conscience initial, d'où une certaine frustration. Mais j'ai passé un moment plutôt agréable à le lire, ce qui est déjà le premier signe de la réussite.