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Anonymus

Francis Clavel ( Auteur), Franck Achard (Illustrateur de couverture), Renaud Bec (Illustrateur de couverture)
Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 31/08/02  -  Livre
ISBN : 291161884
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Laurent   - le 31/10/2017

Anonymus

Voici le second roman de Fabien Clavel dans l'univers du jeu de rôle Nephilim : Révélation*. Anonymus constitue la deuxième partie de ce qui s'annonce comme un cycle mystico-policier, inauguré en mai dernier avec Le syndrome Eurydice. Le jeune (il n'a que 24 ans !) et talentueux auteur nous convie cette fois à démêler l'écheveau complexe d'une sombre histoire de meurtres en série où la magie des Immortels Nephilim le dispute au satanisme des humains profanes. Une aventure franchement gothique qui a un arrière-goût prononcé de Vampire : La Mascarade pour l'ambiance. Alors faut-il se méfier de la confusion des genres ?

Les sept femmes de Barbe-Bleue

Il y a des coïncidences qui ne trompent pas. Et l'apparition simultanée dans la tranquille ville de Budapest d'un tueur en série aux pratiques satanistes et d'un groupe de "métal fusion" sobrement nommé Nekrosis ne laisse pas d'interpeller l'inspecteur Janos Korhaz. Selon lui, il est clair que le chanteur du groupe, un agitateur du nom Johnathan Worthwhile, est mêlé à cette sombre affaire. Il n'est pas loin d'en convaincre sa partenaire, la froide Nora Szeles quand il semble tout à coup perdre tout contrôle sur le dossier : le tueur en série continue de narguer la police en revenant déposer ses nouvelles victimes toujours atrocement mutilées, au sein d'un périmètre complètement bouclé, près de la statue d'un certain Anonymus. Un esprit moins rationnel que celui de l'inspecteur Korhaz aurait tôt fait d'y voir l'œuvre de quelque créature démoniaque.

Heureusement pour Nora, son partenaire est des plus cartésiens. Mais elle, la mystérieuse Ezechiel, Nephilim de l'air de la fraternité de L'Hepta, a des doutes sur l'identité magique du psychopathe. L'attirance morbide et le calendrier des meurtres lui font penser à l'action d'un Selenim, ces sombres cousins des Nephilim. Voilà justement qu'elle a un Selenim sous la main : le fameux chanteur de rock, autrement connu sous le nom d'Azarian. Seul ombre au tableau, elle connaît particulièrement bien ce Selenim là pour avoir été amoureuse de lui avant sa déchéance, trois siècles plus tôt.

Voilà donc le trouble Azarian dans de beaux draps. Il ne voit pas d'autre moyen pour se disculper et redorer son blason aux yeux de son amour défunt que de confondre le véritable coupable, un meurtrier qui a déjà tué cinq femmes et qui ne peut s'arrêter là. Mais peut-on vraiment faire confiance à un Selenim ?

Fabien Clavel se fait un nom avec Anonymus

On n'a pas les mêmes attentes d'un roman associé à un jeu de rôle que d'un autre : ce genre de production a un véritable devoir de justesse (vis-à-vis de l'univers qui le nourrit), de cohérence (dans les relations qu'il entretient entre les personnages d'un même cycle) et de surprise (pour ne pas donner au lecteur l'impression de rejouer une énième partie). Je dois dire qu'à tous ses égards, Anonymus m'a pleinement convaincu.

Clavel nous convie d'abord à une poursuite de la découverte du monde de Nephilim dans toute sa richesse. Après les tous frais émoulus Ar-kaïm dans Le syndrome Eurydice, il nous présente ici les Selenim, sombres jumeaux des Nephilim et qui puisent leur énergie magique dans l'élément de la Lune Noire, alimentée par le déchaînement des sentiments humains tels que la peur ou la colère.
Clavel continue également son entreprise de construction d'une vaste trame de fond reliant les Immortels de l'Hepta, tout en fournissant dans chaque roman une histoire riche mêlant thriller et magie, humains et Immortels. L'intrigue se joue donc à plusieurs niveaux dont les fils sont étroitement tissés, comme des manifestations des flux magiques entrelacés, par un auteur qui domine son sujet de la tête et des épaules.
Après une entrée en matière toujours laborieuse, Clavel développe un style prenant fondé sur un habile étalage d'une culture littéraire et phonique éclectiques. Mes interrogations sur la tenue de la qualité à la suite du Syndrome Eurydice sont ici parfaitement balayées, et la collection Univers conforte avec ce deuxième opus son entrée rayonnante dans la novélisation autour du jeu de rôle. Je crois que s'il évite de trop pencher vers des univers moins personnels, Nephilim : Révélation s'est trouvé un parfait apôtre en la personne de Fabien Clavel. Voilà qui ne pouvait que faire plaisir à ma double nature de lecteur et de joueur.

(* Voir la chronique du Syndrome Eurydice pour en apprendre un peu plus sur le jeu de rôle Nephilim)

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