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Terreur

André-paul Duchâteau (Scénariste), René Follet (Dessinateur, Coloriste)
Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 31/10/02  -  BD
ISBN : 2803614405
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charlotte   - le 31/10/2017

Terreur

La particularité de la collection Signé des éditions Le Lombard, c'est qu'elle offre un florilège d'excellents auteurs qui ont marqué la Bande Dessinée. Ces grands scénaristes ou dessinateurs, tous reconnus par le public et la critique, n'ont plus grand chose à prouver, si ce n'est qu'ils savent encore nous faire rêver et nous surprendre. Comme invités prestigieux, la collection a reçu Hermann, Griffo, Cothias, Cosey, Dany et bien d'autres tels que Van Hamme et Rosinsky pour le magnifique album Western ou Gazzotti, Meyer et Vehlmann pour Des Lendemains sans nuages.

André-Paul Duchâteau, 77 ans cette année, a consacré sa vie à l'écriture sous toutes ses formes. Journaliste, scénariste de Bande dessinée, nouvelliste, il est aussi auteur de romans policiers dont l'un, De 5 à 7 avec la Mort (Editions du Rocher), a remporté le Grand Prix de la Littérature Policière à Paris en 1974. Il se lance aussi dans la biographie romancée dont une en hommage à Madame Tussaud intitulée Les Masques de Cire (Editions Labor) et qui a inspiré la bande dessinée en deux tomes Terreur. Du côté de la Bande dessinée, il est le père de Ric Hochet avec Tibet. Le jeune journaliste-détective naît en 1955 et il en est aujourd'hui à son 66ème album (Penthouse Story, Le Lombard, 2002). Il a également crée le personnage de Hans (Le Pays des abysses, Le Lombard, 2000) pour Rosinski, mais cette série de science-fiction a été reprise en 1993 par le dessinateur Kas.

René Follet est entré dans le monde du dessin très jeune, à 14 ans à peine il réalise une série d'illustrations de L'Ile au Trésor de Stevenson pour une grande marque de chocolat. Puis, il collabore au journal Spirou à 18 ans, mais ce n'est qu'en 1950 qu'il créé ses premières Bandes dessinées. Ainsi lancé, il travaille pour Tintin, Le Journal de Mickey et réalise des illustrations sur de très nombreux autres projets. Retenons cependant une Bande dessinée L'Iliade (Glénat) que Stoquart a adapté pour lui.

Comme un couperet !

En plein cœur de la période la plus noire de la Révolution, pendant la Terreur, Marie Crossholz et sa mère reprennent le musée de cire Curtius que l'oncle leur a confié avant de partir en exil pour l'Angleterre. Marie, femme courageuse et battante, travaille dur pour augmenter encore et toujours la collection des figures célèbres dont les têtes tombent chaque jour. La nuit, elle se rend au cimetière où elle retrouve l'aide du bourreau Desmarets qui lui prête des têtes pour qu'elle puisse faire ses masques. Son petit musée attire de nombreux visiteurs avides de voir la tête de ces aristocrates guillotinés et la réplique des bijoux de la couronne volés. Mais, la Terreur est une période floue et dangereuse pour tous, et Marie se retrouve bientôt prise en étau entre le harcèlement du commissaire Jabot et des conspirations qu'elle ne soupçonnait pas.

Uchronie…

Le premier tome de ce diptyque est parfaitement maîtrisé. On découvre l'histoire fascinante de Marie Crossholz, femme de tête, battante, combative, talentueuse, sous les traits de laquelle on peut reconnaître Marie Tussaud. Duchâteau construit un scénario remarquable dans lequel la petite et la grande histoire se rencontrent. Ainsi, Marie est tour à tour spectatrice et actrice d'événements qui la dépassent et qui ne semblent pas la toucher (elle modèle ses figures de cire sur des têtes guillotinées). Pas de sensiblerie déplacée donc, puisque dans cette période trouble chacun pense d'abord à sa propre sécurité avant de s'apitoyer sur le sort des autres. De son propre aveu, Duchâteau se place dans la filiation d'Alexandre Dumas et " tente de réaliser une " uchronie ", amalgame du vrai et de l'imaginaire ". Si le scénariste s'est très bien documenté sur la période choisie, il en va de même du dessinateur. En effet, Follet brosse un superbe tableau de l'époque tant au niveau des costumes que de tous ces petits détails qui crédibilisent l'histoire sans alourdir le dessin.. Il garde un aspect crayonné qui donne une impression de flou, ce qui retranscrit parfaitement le contexte de l'époque et en restitue les zones d'ombre. Son dessin, rehaussé magnifiquement par la couleur directe, pêche peut-être parfois par un manque de mouvement, mais cela ne gène en aucune façon la lecture et mieux, on se laisse impressionné par ses tableaux miniatures et par la force d'évocation qui se dégage de chaque case. Un très beau cadeau à offrir aux passionnés d'Histoire.
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