Trois Etoiles

Trois Etoiles

Virginie Despentes est apparue sur la scène publique en 1995 à l'occasion de la sortie de son livre Baise-moi. Cinq ans après, le film éponyme, qu'elle co-réalise avec Coralie Trinh Thi, voit le jour et provoque un joli scandale. De ses romans nous ne dirons rien, faute de ne pas avoir dépassé les 10 premières pages ou de ne pas les avoir lu. De son film non plus d'ailleurs, mais de sa " Bande dessinée "….

Nora Hamdi rencontre Despentes en 1993 à l'occasion du festival du film de Hong Kong. Artiste polymorphe après avoir suivi les cours du soir des Beaux-Arts de Paris, elle se consacre à la peinture, réalise des films et des graffs peints sur toile, s'intéresse au lettrisme, fait une BD et dernièrement est en phase d'écriture de son premier roman.

Un viol et trois filles paumées…

L'histoire débute par le viol de Suzanne, puis sans transition, on se retrouve dans l'appartement qu'elle partage avec sa sœur Jennifer. Celle-ci s'est éprise d'une troisième jeune fille, Marcelle, mais cette dernière succombe finalement au charme de Suzanne. Jenny se fait embaucher dans un salon de massage aux mœurs particulières, le " Trois étoiles ". Elle décide d'y organiser un faux braquage qui tourne mal.

No comment…

C'est une plaisanterie ou quoi ? On finit par se poser la question. Tous les romanciers d'opérette vont-ils se lancer dans la Bande dessinée parce que c'est un filon qui marche. Ce genre n'est pourtant pas un dépotoir. Après la consternante bande dessinée de Beigbeder, c'est au tour de Despentes de s'autoproclamer scénariste de BD. Je le répète de qui se moque-t-on ??? A la base, ce scénario était prévu pour le cinéma, mais personne ne désirant investir, nos deux apprenties se sont tournées vers le format BD. Cela ne doit pas être sorcier à faire. Eh bien si, la Bande dessinée est un Art et n'y est pas artiste qui veut. Passons l'histoire abracadabrante et totalement décousue de ces trois filles marginales et paumées qui redistribuent la violence qu'elles subissent. Venons-en aux dialogues qui sont d'une pauvreté absolue. Entre les trois mots de vocabulaire qui se courent après et les phrases à la grammaire torturée, on trouve au détour quelques répliques intéressantes telle que " T'es comme ma seconde peau, je voudrais jamais savoir comment çà fait, la vie sans toi… ". On n'aurait pas pu vivre sans… Mais le summum, il faut bien l'avouer, ce sont les dessins. La laideur est de circonstance, est-ce pour mieux refléter le sordide de l'histoire ? Les filles sont à moitié dénudées, leurs vêtements ne cachant pas grand chose, faisant d'elles des icônes de la vulgarité. Les scènes de cul, notamment entre lesbiennes, ne parviennent même pas à nous émoustiller tant le dessin est affreux. Hamdi veut certainement être originale en faisant prévaloir l'éclatement de la composition des planches, elle ne parvient qu'à donner un effet de fouillis hasardeux et bâclé. Même les couleurs sont désespérément moches. Décidément, il n'y a rien à sauver dans cette BD, mais qu'est-ce que le Diable Vauvert est allé faire dans cette galère ? On se le demande. Pour ne pas désespérer de la Bande dessinée érotique, réfugiez-vous dans un bon Manara, et pour découvrir le roman érotique, voire pornographique, avec un soucis littéraire qui soutient le propos, gardez l'argent économisé de Trois Etoiles pour vous offrir une œuvre de Georges Bataille ou de Bernard Noël qui vous apportera, je vous l'assure, beaucoup plus.