Magie noire

Magie noire

Groud G. Gilbert, natif de Côte d'ivoire vit à Abidjan. Le sujet qu'il aborde dans cette BD lui est familier puisqu'il a soutenu en 1985 son diplôme national sur la "sorcellerie" appelée aussi "magie noire". Depuis, il a poursuivi son enquête et effrayé par l'ampleur prise par ces pratiques, il les dénonce.

La soif de pouvoir s'abreuve du sang des innocents

Des enfants meurent dans des conditions suspectes. Pour accéder à un rang supérieur les membres d'une société magique doivent sacrifier l'un des leurs. Quand vient le tour de son dernier enfant Gaba hésite n'est-il pas d'autres rituels qui lui assouviraient sa soif de pouvoir sans tuer son fils ? Incorporer l'esprit d'un mort dans un objet ou épouser un autre initié décuplent également la puissance des sorciers... Mais il est pris dans une spirale infernale car sa congrégation exigera toujours plus de lui.

Superbes illustrations pour une démonstration subjective

L'auteur dans la présentation insérée sur un rabat de la couverture affirme que le cinéma pourrait mieux représenter graphiquement le monde qu'il décrit. Le cadrage de ses planches est très cinématographique et les plans d'ensemble alternent avec les zooms (certains sur les regards sont particulièrement impressionnants). Le va et vient entre les deux mondes est aussi très marqué dans le dessin. Les contours et les couleurs sont nets dans le quotidien. Dans tous les épisodes liés aux pratiques magiques, les traits sont plus flous et les teintes assombries se corrompent mutuellement. Jusqu'aux motifs ethniques en relief sur la couverture, cet album est une réussite graphique.

Il n'est qu'à regretter que la condamnation de la sorcellerie par l'auteur soit autant teintée de religiosité : Dieu est cité dans l'introduction et les remerciements. Cela affaiblit son propos en renvoyant dos à dos différentes croyances. Mais même si sa thèse n'est pas toujours convaincante, certaines des planches qui l'illustrent sont, elles, réellement envoûtantes.