Pour ceux qui ne le connaîtraient pas encore, Fabrice Colin est un des auteurs français les plus en vue en ce moment. D'abord parce qu'il sait aussi bien donner dans le fantastique (Le neuvième cercle) que dans la fantasy (Le cycle de Winterheim), la SF (Atomic bomb), le steampunk (Confession d'un automate mangeur d'opium) ou bien encore la Sf jeunesse (Projet Oxatan). Ensuite parce que la qualité de sa plume a été reconnue à bien des reprises et par de plusieurs prix littéraires (4 à ce jour). Mais surtout il sait surprendre le lecteur à chaque roman. Il nous avait étonné avec Or not to be, livre inclassable chez Atalante publié il y a quelques mois. Le revoici avec Dreamericana qui ne laissera personne indifférent.
Deux histoires pour le prix d'une
Autant vous le dire tout de suite, l'histoire de Dreamericana est double. La première est celle d'Hades Shuffin. Ecrivain de science fiction au succès considérable et à la vie un tantinet dépravée, il est en pleine crise de la page blanche. Depuis plusieurs semaines, il est incapable d'aligner deux mots l'un derrière l'autre. Une situation inhabituelle alors que son prochain roman est attendu par Stanley Kubrick lui-même qui doit en faire un film. Autant dire que la maison d'édition de Shuffin est sur les dents et que lui-même ne sait plus très bien où il en est. Bref, c'est un auteur complètement paumé au moment où commence la seconde partie de Dreamericana. Celle-ci nous plonge directement dans l'intrigue du livre tant attendu, une histoire de Terre parallèle sur laquelle s'affrontent Voyageurs et Gardiens, deux peuples qui ont dans leurs mains l'avenir de l'humanité.
Du changement
Dans Or not to be, Fabrice Colin avait commencé à jouer avec la structure même de son roman. Le processus se poursuit ici. Tout en suivant l'intrigue principale dans la première partie, il l'entoure de " compléments " : ici un article sur son œuvre, là un morceau d'interview, ici encore un flash-back… avant de basculer complètement en entrant dans une histoire plus conventionnelle dans la seconde partie. Un tel changement sur le fond et la forme peut perturber et si certains y verront un trait de génie, d'autres reposeront le livre sans aller beaucoup plus loin. En tout cas, la première conséquence, c'est qu'il faut un peu de temps pour rentrer réellement dans la seconde partie. Trop de distance la sépare du début de Dreamericana. Vous voici prévenu. Avec ce roman, vous rentrez dans une zone ou vous risquez d'être bousculer dans vos habitudes de lecture. L'intention est louable mais certains n'aimeront pas l'expérience.