Barthélémy

Barthélémy

Futuropolis édita dans la collection X en 1986 le premier album de Sylvain Chomet : Le Secret de la libellule. C'était le début de sa carrière de scénariste. Mais l'homme se distingue également en réalisant avec brio des dessins animés. Avec La Vieille Dame et les pigeons, il remporta en 1997 le Premier Prix au festival d'Annecy et au World Animation Celebration de Los Angeles, raflant cette année là les plus hautes distinctions du cinéma d'animation !

Hubert Chevillard a de son côté suivi les cours de l'Ecole des Beaux Arts à Angoulême. Il plaça quelques planches dans la revue Pilote avant de créer Le Pont dans la Vase . Il a lui aussi réalisé des dessins animés et a fait du développement graphique dans les jeux vidéos. Il illustre Les Archives de la Planète, une série d'histoires courtes inventées par Corcal, parues d'abord dans Fluide Glacial et à présent dans Pavillon Rouge.

Chomet et Chevillard se sont rencontrés durant leurs études et ils ont eu très vite envie de travailler ensemble mais le premier tome de leur collaboration a mis longtemps à voir le jour. Leur persévérance sera récompensée par le Prix du Lion 1994, le prix le plus important de BD en Belgique. Et le duo persiste et signe l'excellent et grinçant Léon la Came qui leur vaudra l'Alpht'Art du meilleur album à Angoulême en 1995.

D'enlèvement en enlèvement, l'émergence de la vérité ?

Louise, une éditrice en vogue, a retracé le destin de Camille Park. Cette dernière avait été condamnée aux travaux forcés parce qu'elle soutenait des idées subversives. Elle prétendait qu'il existait sur terre une zone non recouverte de vase. Au bagne, elle avait été droguée parce qu'on l'avait choisie pour rafraîchir une lignée en dégénérescence. Mais le mime Balthus fardé et vêtu de blanc et Orlandus, noir sous son maquillage l'arrachent à ce triste sort en l'enlevant dans une roulotte. Cinquante ans plus tard, c'est au tour de Louise d'être enlevée. Et à bord d'un dirigeable, on lui fait la lecture du massacre du député Barthélémy, exécution ordonnée par les autorités du mitan à l'issue d'un bal. De cette nuit meurtrière seuls un mime et une madone avaient réchappé.

Une tonalité très baroque

La première page résume les tomes précédents, on peut donc apprécier ce volume même si l'on n'a pas lu les trois premiers. La tonalité de cette BD est très baroque même si l'univers fait au départ penser à du steampunk. L'intrigue mélange sociétés secrètes, phénomènes de foire, personnages travestis sous des accents et des déguisements. Les jeux de pouvoir cruels et les disparitions-réapparitions mystérieuses donnent un rythme saccadé à l'ensemble. Les effets de lumière dans les couleurs traduisent cette impression d'un monde décadent. La situation de la dernière page accentue notre impatience de découvrir le cinquième volume.