Mission Brume
A priori, on ne dirait pas spontanément qu'un monsieur qui travaille à la Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives du Ministère de la Défense occupe ses loisirs en écrivant des uvres de SF jeunesse. Et on aurait tort car Christian Léourier n'en est pas à ses premières armes en SF. Auteur depuis 1972 de nombreux space-opera (alternativement adultes et jeunesse), il s'est presque toujours attardé sur les questions soulevées par la rencontre de deux cultures diamétralement opposées. Mission Brume ne déroge pas à la règle puisqu'il y décrit les interrogations d'une jeune militaire sûre de la justesse de son enseignement face à une planète qui ne réagit pas à ses attaques comme elle le devrait.
Mission de survie au cur d'une planète hostile et marécageuse.
Ygerne fait partie de l'élite de sa société. Fille du légendaire Fergus, Héros de l'Union porté disparu depuis quelques années, elle a suivi avec brio l'enseignement de l'Ecole des cadets, plus prestigieux centre d'enseignement militaire de l'Empire. Fraîchement nommée aspirante, l'Empereur lui-même lui confit la périlleuse mission de retrouver son père. Elle débarque donc sur Brume, obscure planète reléguée aux confins de l'espace colonisé, où son père accompagné de nombreux soldats aguerris est un jour parti en mission sans revenir. Elle se retrouve, sûre de ses idéaux et n'ayant jamais suivi d'autre ligne de conduite que celle inscrite dans les écrits officiels, face à des administrateurs impériaux étrangement blasés et dépités, et des autochtones pacifiques mais manifestement sous-développés.
Ygerne et une dizaine de soldats s'enfoncent au cur des marécages et du brouillard poisseux qui recouvrent plus de quatre-vingt dix pour cents de la surface de Brume, guidés par un groupe d'indigènes. Ces derniers, totalement étrangers à la notion même de commandement leur conseillent inlassablement de se calmer car ils pensent que Brume n'apprécie pas la haine de tous ces nouveaux arrivants.
Classique mais d'un très bon niveau.
Evident clin d'il à la Gaïa d'Asimov, la Brume de Léourier ne cherche qu'à démontrer aux jeunes d'une dizaine d'années la précarité des règles totalitaires. Volontairement orientée puisqu'on y trouve aucune critique du système politique démocratico-communautaire, l'histoire lui a, selon les notes de l'éditeur, été inspirée par la montée de l'extrême droite en France. Puiqu'en plus ce livre a le bon goût d'être prenant et bien écrit, il serait dommage de passer à côté et de ne pas essayer de répondre aux nombreuses questions que sa lecture ne manquera pas de soulever.