Le Puits Ténébreux

Le Puits Ténébreux

Margaret Weis est née en 1948. Après un cursus littéraire et un travail d'éditrice chez T.S.R (édition classique et jeux de rôles), elle commence à travailler, en 1983, avec Tracy Hickman, pour mettre en forme sa série Lancedragon. Ce dernier, quant à lui, est créateur de jeux de rôles chez T.S.R, après avoir été missionnaire en Indonésie. Leur collaboration sur Lancedragon est un succès immédiat, renforcé par le cycle Les Portes de la Mort et la tétralogie La Légende de l'Epée Noire.

Souffre douleur…

Le roi Tamaros, gardien des Portes, a deux fils de deux mariages différents. L'aîné, Helmos, est un sage, érudit, déjà un homme. Le second, Dagnarus, cache derrière l'apparence candide de son âge une terrible volonté et une ambition dont il a été nourri au berceau. Mais le roi n'a pas le temps de s'occuper des intrigues familiales introduites par son épouse. Derrière chaque porte magique reliant la terre des humains à celles des autres peuples, la révolte gronde. Les elfes, afin de déjouer des complots divisant leur peuple, se servent des humains pour opposer le Bouclier et le Divin, les deux dirigeants de leur peuple.
Silwyth, Gardien Mineur, est envoyé par le Bouclier pour gagner la confiance du roi Tamaros et faire pencher le destin en la faveur de son maître. Devenu Chambellan, malgré la méfiance des hommes pour les elfes, il entreprend d'éduquer le jeune prince Dagnarus. De son côté, Gareth, fils de nobles ambitieux, est envoyé à la cour pour servir de souffre douleur à l'enfant, sans se rendre compte qu'il est l'un des pions d'une guerre dont la prophétie dit qu'elle pourrait mener à la fin du monde. Pour l'éviter, Tamaros décide alors de partager avec les autres peuples la Pierre Souveraine, cadeau des Dieux, garante de la paix sur son royaume…

Séparer le bon grain de l'ivraie…

Finalement, qu'aime-t-on dans des romans comme ceux de Gemmell ou de Moorcock ? Les cavaliers noirs qui déchirent le ciel, les intrigues politiques, la lente progression d'une histoire où l'auteur maîtrise toutes les ficelles du récit d'aventure ? Sans doute… Le puits ténébreux bénéficie de ce genre de charpente sans faille, qui excuse bien des maladresses - traits caricaturaux, redondance d'informations, comme souvent en fantasy -. Voilà donc un roman captivant ! Efficace, les peuples propres au jeu de rôles. Efficace aussi, les antagonismes des principaux personnages… Les Nains sont des cavaliers errants, leurs parias, des " Démontés " qui vivent dans la honte et le savoir. Les Elfes cachent leur orgueil et leur colère sous une morgue sans exception, mettant leurs compétences guerrières de côté pour devenir de grands manipulateurs. Quant aux Orcs, ce sont des pirates, brutaux et idiots. Afin de compléter cette suite logique, les humains restent des humains… Faillibles, aussi bons que mauvais, faits de contrastes et incapables d'appréhender les conséquences de leurs actes.

Pour lier les peuples, Weis et Hickman ont choisi des personnages simples mais énergiques : Gareth, le souffre douleur du jeune prince, humble et perpétuellement terrifié, Dunner, un " Démonté " érudit et ouvert, Silwyth, fin stratège, Helmos, l'héritier du trône, promis à une vie de souffrance et de sacrifice.
On entre dans le Puits Ténébreux en terrain conquis. Et, sans nous imprégner totalement - ce n'est pas un roman d'ambiance mais bien et purement d'aventure - , on se met à attendre impatiemment le second tome, comme à chaque fois qu'un cycle est prometteur. Weis et Hickman ont le talent de remplacer l'originalité par la maîtrise. Et ce n'est pas si courant… Et c'est ce que l'on attend d'eux. A lire, en cette période de trilogies douteuses et productions faciles !