L’Etoile d’Ishâ
Frédéric Lenoir est docteur en sociologie et chercheur associé au Centre d'études interdisciplinaire du Fait Religieux (EHESS). Philosophe et écrivain, on lui doit des livres d’entretiens avec des personnalités telles qu’Umberto Eco ou l’Abbé Pierre. En 2003, il est co-auteur avec Hubert Reeves de Mal de Terre. Il a notamment dirigé L’Encyclopédie des religions et Le Livre des sagesses. En 2003, il fait l’état des lieux de la spiritualité contemporaine dans Les Métamorphoses de Dieu. Spécialiste des mythes, des religions et des spiritualités, il écrit, à quarante et un ans, la saga de La Prophétie des deux Mondes.
C’est Alexis Chabert qui, à quarante et un ans aussi, réalise couleurs et dessins. Après quelques mois aux Beaux Arts de Versailles, il s’essayera à la musique mais reviendra ensuite sur l’illustration au sein d’un studio de création graphique. Il tentera de monter un projet BD et les éditions Delcourt lui confieront la série Rogon le Leu sur laquelle il accompagne Didier Convard.
La Prophétie d’Ishâ risque de s’accomplir
« Le septième jour du neuvième mois, lorsque les trois astres seront réunis, les souverains légitimes des deux Royaumes se rendront de nuit sur l’île du centre des Mondes. Quand poindra l’aube du huitième jour, ils prendront l’Anneau et l’Etoile sacrés. Ils les élèveront au-dessus de la stèle noire, se souvenant du commandement que je leur ai laissé. Mais si une seule fois le Grand Rituel ne peut avoir lieu, alors les Mondes disparaîtront dans un cyclone de feu. Et nul ne subsistera. » Chroniques d’Ishâ.
Après le dernier rituel, l’Etoile et la Princesse Lariana ont mystérieusement disparus. D’ici un an, s’ils ne sont pas retrouvés le Grand Rituel ne pourra avoir lieu. Lowen, fils d’Héloas, roi du Royaume de l’Anneau, tente de les retrouver. Il rencontrera sur son chemin de nombreux personnages qui l’aideront dans sa quête ou tenteront de le piéger.
Une bonne série d’aventures
L’Etoile d’Ishâ est un récit d’aventures de bonne qualité, aux nombreux rebondissements, situé dans un monde médiéval. Le héros vit ses aventures comme un parcours initiatique, ponctué de rencontres et de présentation des mondes. Complots, captures, amours, une organisation secrète, voyages, femmes, tortures, blessures, se succèdent dans un paysage de forêts, châteaux, ports ou villages qui montrent un univers très inspiré des grands mythes universels.
Les auteurs nous offrent ici des planches aux couleurs denses, dans des tons chauds mais malheureusement un peu ternes. Le dessin est de qualité inégale, avec des planches très détaillées et minutieusement exécutées et d’autres plus confuses et aux traits plus grossiers. Le rythme de l’action est ponctué de planches peu larges, qui détaillent un mouvement vif, ou de planches plus imposantes souvent justifiées par la taille du décor.
L’histoire est accrocheuse et riche. Les caractéristiques des deux mondes sont intéressantes, originales et bien présentées. Lowen est attachant car un peu « innocent » et habité par sa quête. On regrettera cependant le petit manque d’originalité du scénario, dans un genre déjà riche de nombreuses quêtes, de mondes liés entre eux…
Comme de bien entendu, la fin du tome laissera le lecteur sur sa faim et dans l’attente de réponses ; celles-ci seront sans doute révélées par la suite, la série étant prévue en cinq volumes. On peut espérer qu’ils seront sur le même rythme et de même qualité.