Maudit soit le fruit de ses entrailles…

Maudit soit le fruit de ses entrailles…

Enfant de Bruxelles où il est né en 1957, Bernard Hislaire s'est imposé comme un grand monsieur de la BD avec deux ouvrages. Sambre d'abord, dont le premier tome est sorti en 1987 sous le pseudonyme d'Yslaire et avec Balac au scénario. Par la suite, celui-ci se retira laissant le dessinateur assumer également la tâche de scénariste. Après avoir publié les quatre premiers tomes avec des intervalles de quatre ans, il aura fallu attendre six longues années pour lire Maudit soit le fruit de ses entrailles… Un nouveau volume qui s'annonce déjà comme un énorme succès de librairie. Deuxième série qui a imposé Bernard Hislaire : XXe ciel, une œuvre superbe graphiquement sur le siècle précédent et ses folies. Parmi les autres titres de l'auteur : Bidouille et Violette et Trois Vierges (sous le nom de Sylaire pour le scénario et avec Boccar au dessin).

Petit rappel

La série Sambre tourne autour du destin de la famille du même nom. Le dernier héritier, Bernard, croise la route de Julie, une jeune fille aux yeux rouges qu'il aimera follement et pour qui il donnera sa vie. Ce faisant, le destin prédit par son père (que les yeux rouges provoqueront le malheur de la famille) se réalise. Mais le jeune homme aura eu le temps, quelques mois plus tôt, de féconder la demoiselle.

Malheureusement celle-ci n'aura pas le loisir d'élever son enfant. Elle est jetée en prison pour sa participation à la révolution de 1848 (enfin la tentative) et pour homicide, accusée à tort d'avoir tué la mère de Bernard. De retour à Brest après trois ans de bagne en Algérie, elle apprend que son fils a été recueilli par la sœur de son bien-aimé. Mais manque de chance, l'Etat a décidé d'envoyer ses prisonnières à la découverte de Cayenne. La distance ne favorise pas la vengeance…

Une petite merveille.

Avec un rien de fantastique dans cet album (mais alors vraiment une petite touche), on prend un immense plaisir à retrouver Sambre. Yslaire joue à la perfection sur les couleurs et les contrastes, usant avec un art consommé de ses talents de conteurs. Bref, ses planches sont superbes et son scénario donne inévitablement envie d'en savoir plus. Avec ce cinquième tome, il pose les bases d'une nouvelle histoire. Mais il faudra être patient. La suite lui demandera sans doute comme à son habitude encore de longs mois (voir années). On pourra juste être agacé de tant de publicité autour de Maudit soit le fruit de ses entrailles… On regrettera encore que si peu de choses se passent au cours des 44 planches. L'intrigue avance lentement. Des grincements de dents passagers devant le talent du dessinateur. Si la BD avait encore besoin de lettres de noblesse, Sambre lui en donne avec panache.