Le Sacre de glace

Le Sacre de glace

Kay Kenyon est une nouvelle venue en France, puisque Le Sacre de Glace (Maximum Ice), qui a été nominé en 2003 pour le Philip K. Dick Award, est son premier roman publié ici, mais elle a déjà à son actif cinq autres romans publiés (The Seeds of Time, son premier roman, Tropic of Creation, Rift, Leap Point et The Braided World, qui est une prequel à Maximum Ice), ainsi que plusieurs participations à des anthologies. Vous pourrez trouver des informations complémentaires et des extraits sur son site personnel (http://www.kaykenyon.com/home-kk.htm). Elle projette de s'attaquer une tétralogie de science-fiction.

Difficile retour

Le Star Road est de retour. Ce grand vaisseau générationnel ramène les quelques survivants de sa longue errance à travers les étoiles. Des survivants de moins en moins nombreux, car les radiations ont rendu stérile la majorité de l'équipage... Mais 10 000 ans se sont écoulés sur Terre depuis le départ, même si cela ne représente que 250 ans en temps du vaisseau. La Terre a bien changé. Elle est quasi entièrement recouverte d'une substance blanche qui ressemble à de la glace, mais dont la composition et la structure sont très étranges. Alors, comme toujours lorsque les gens du vaisseau ne savent pas quoi faire, ils réveillent la mère vaisseau, Zoya. Placé en animation suspendue depuis le départ du vaisseau, réveillée de temps en temps, Zoya est celle qui a connu la Terre. Celle qui saura quoi faire. Un symbole.

Il reste des survivants à la surface, et les enfants prodigues vont tenter de rétablir le contact. D'abord au hasard, de manière assez désastreuse, puis en cherchant à contacter la seule autorité qui semble avoir résisté, les mystérieuses Nonnes de Glace. Ils ne sont pas au bout de leurs surprises. Reste-t-il encore un espoir pour l'humanité ?

Prenant

Dés le début, on est entraîné dans le récit. L'idée d'avoir fait un vaisseau de gens du voyage permet à Kay Kenyon de donner une dimension familiale au vaisseau, mais également une dimension tragique, comme la raison de leur départ que l'on n'apprend que très tard dans le récit. Les éléments mystérieux et incompréhensibles sont habilement tissés de manière à distiller les révélations une à une au cours du récit. L'auteur mène en parallèle les intrigues chez les Nonnes et à bord du Vaisseau avec le long voyage de Zoya à travers la glace, lent et révélateur, ce qui assure un bon rythme au récit tout en permettant de la finesse dans le traitement des personnages. Seule Zoya est vraiment développée, mais c'est à travers son regard qu'émerge la complexité des autres personnages. Du coup, les Nonnes, avec lesquelles elle a peu d'affinités, apparaissent presque monstrueuses, et on a parfois l'impression d'un déséquilibre dans le traitement des factions. De même, on peut ne pas totalement être convaincu par la fin, mais le roman a suffisamment de qualités, que ce soit par le style, les idées, ou les réflexions qu'il suscite pour valoir la lecture. Un roman intéressant, une bonne lecture en perspective, et un auteur à suivre.