charlotte
- le 27/09/2018
Un Tango avec la Mort
Ulf K., prononcez Oulfka, est un jeune auteur allemand qui publie Outre-Rhin ses planches chez de petits éditeurs indépendants. En France, ses bandes dessinées sont également diffusées de manière confidentielle. Ainsi, Floralia est parue aux Editions 52, La Première Etoile à La Comédie illustrée, Silence au Neuvième Monde, The Exlibris chez Bries. [treize étrange] avait déjà publié en 2000 Un Tango avec la Mort, mais cette première édition ne contenait qu’un tiers de cette seconde.
La Mort qu’on voit danser…
Une trentaine de petites histoires composent ce recueil. Elles sont réparties en sept chapitres, un huitième intitulé « Galerie » est consacré à des illustrations. De la saynète intimiste au conte cruel, Ulf K. fait de la Mort son personnage principal. L’ultime histoire en une planche qui se trouve sur la quatrième de couverture donne le ton, et non la couleur, de cet album.
Des petites tragédies quotidiennes au récit poétique, laissez-vous bercer par cet étrange tango
Ulf K. nous entraîne dans son univers lentement, doucement, au fur et à mesure des histoires. Il commence par se présenter en se mettant en scène dans le premier chapitre intitulé « très personnel » sous les traits d’un « faineantis illustratoris ». Les présentations ayant ainsi été faites, il nous ouvre les portes de ses réflexions. Au gré des chapitres, Ulf K. met en scène l’intimité de couples un vendredi soir avec une ironie douce-amère, un poétique décrochement des étoiles, un cruel restaurateur ou la douleur d’un petit clown abandonné de tous. Dans ces histoires en noir et blanc de une à six planches, il s’amuse à changer de style, de trait comme pour mieux perdre le lecteur. Une seule constante l’économie de fioriture répond à la simplicité des tranches de vie narrées.
Ses récits brefs sont autant d’exercices de style, de prétextes à des jeux graphiques et narratifs. Au détour d’une planche, on trouve une utilisation du noir et blanc qui n’est pas sans rappeler la technique de Marc-Antoine Mathieu, avant que l’impression ne soit dissipée par la découverte d’une nouvelle planche qui propose un style radicalement opposé. Ainsi, l’on va de page en page à la rencontre de la Mort qui, elle, veille au grain. On mesure le temps qui passe, l’ironie ou la facilité avec laquelle la grande faucheuse, ici sous les traits d’un homme à tête de squelette, intervient, la fragilité de l’existence. Un temps, deux temps, trois temps puis la chute, drôle ou compatissante, à l’image de la vie.