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Photo de Kenya [saison 1] [03] : Aberrations

Kenya [saison 1] [03] : Aberrations

Rodolphe (Scénariste), Scarlett Smulkowski (Coloriste), Léo (Dessinateur)
Aux éditions : 
Date de parution : 31/05/04  -  BD
ISBN : 9782205054996
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charlotte   - le 20/09/2018

Aberrations

Pourquoi encore présenter Léo. Cet auteur brésilien, de son vrai nom Luis Eduardo de Oliveira, né en 1944 doit sa renommée à Aldebaran (Dargaud) série qui se rapprocherait plus des voyages imaginaires de Jules Verne que de la science-fiction pure et dure. Il a donné à sa série phare une suite, Betelgeuse (Dargaud), dans lequel il déploie une nouvelle fois son imagination pour créer un monde fantastique. Installé depuis 1981 à Paris, après avoir d’abord fuit le Brésil et s’être réfugié au Chili puis en Argentine avant de retourner clandestinement dans son pays natal en 1974. Il commence à réellement pouvoir vivre de sa passion grâce à Jean-Claude Forest qui lui propose de travailler pour le magazine Okapi. Il rencontre ensuite Rodolphe qui lui propose d’illustrer Trent (Dargaud), une série qui compte aujourd’hui huit albums. Leur collaboration se poursuit avec Kenya. Rodolphe également n’est plus à présenter pour tous les amateurs de bande dessinée. Il se distingue par la veine fantastique de nombre de ses récits. Ainsi, le seul lien entre certaines de ses séries comme Les Abîmes du Temps (Albin Michel), Les Echaudeurs des Ténèbres (Soleil), Das Reich (Soleil) – dont on regrette d’ailleurs l’interruption brutale – ou Gothic (Delcourt), La Maison Dieu (Albin Michel), c’est bien une certaine inquiétante étrangeté.

Entre Jurassic Park, Rencontre du troisième type et South of Africa


Les services secrets britanniques renvoient Catherine Austin au Kenya suite à son rapport sur les étranges événements qui s’y sont déroulés. Cette fois encore elle sera au première loge pour assister à d’insolites phénomènes. Mais pour le moment elle atterrit à Mombasa et va se recueillir sur la tombe de son ancien collègue Jaques Merlin, un agent double dont personne n’a réclamé le corps. Pourtant, au cimetière, elle croise sa sœur qui lui fait part ouvertement de son animosité. Sachant pertinemment que c’est Kathy qui a tué son frère, elle se fait une joie de la traiter d’assassin. Pour l’instant, Kathy a des choses plus urgentes à traiter, elle doit se rendre au plus vite chez le Comte Valentino Di Broglie, surnommé le Baron, un excentrique qui s’est fait construire un palais en pleine brousse. Justement, celui-ci montre à ses hôtes, l’écrivain aventurier John Remington et Judith qu’il a recueillis, un étrange cube fait d’un métal inconnu, orné de symboles incompréhensibles et qui émet de légères vibrations.

Du fantastique à la science-fiction

Les inconditionnels de Léo auront une fois encore de quoi s’émerveiller. Il met en scène un Kenya aride et mystérieux, une terre pleine de secrets. Les auteurs revendiquent un exotisme qui se révèle moins dans les paysages et les autochtones que dans des créatures préhistoriques ou extraterrestres qui semblent avoir pris possession de cet environnement. Les rencontres avec ce bestiaire fabuleux sont toujours aussi anecdotiques, s’ils sont le centre de toutes les attentions extérieures, ils ne se donnent à voir que difficilement. Cela entretient bien évidemment le suspens et tout comme les protagonistes, nous guettons l’apparition de l’une de ces créatures au détour d’une page. Comme à son habitude, Rodolphe sait ménager son histoire, distille par-ci, par-là quelques petites informations qui ne font qu’épaissir le mystère. On dérive d’ailleurs doucement des rivages du fantastique pour aborder l’île de la science-fiction. Avec comme toile de fond le début de la Guerre Froide et des luttes entre Etats qui cherchent tous à asseoir leur hégémonie et notamment dans les colonies, le récit prend racine dans le réel. Comme nous le disions déjà à l’occasion de la sortie du deuxième tome, la série doit beaucoup au décalage entre le dessin si finement réaliste de Léo et les événements surnaturels qui s’y déroulent.

On pense bien sûr au Monde perdu d’Arthur Conan Doyle, mais aussi à l’Angleterre férue de fantastique qui cède bien volontiers sa Nessie au lac Victoria. Toute aussi fantastique cette belle Afrique noire peuplée uniquement de Blancs. Bien sûr le Kenya était alors une colonie britannique et toutes les affaires importantes n’étaient traitées que par les gentils colons, bien sûr nos principaux protagonistes sont européens, mais tout de même çà devient un tantinet agaçant ce miroir de l’Europe en Afrique. D’autant plus que l’on se demande pourquoi aucun autochtone n’a eu vent de ces curieux phénomènes, la savane n’est pourtant pas inhabitée. Cette restriction mise à part, Kenya est une série pleine de charme que l’on recommande aux lecteurs en mal d’exostime.

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